La deuxième édition de l'événement «Oran Silicon Valley algérienne» a eu lieu samedi, au Méridien, à l'initiative du FCE. Cette initiative, dédiée aux nouvelles technologies, ambitionne de contribuer à l'émergence en Algérie de start-up ou d'entreprises innovantes, qui représenteront le socle de l'économie de demain. La présence à cette rencontre du S/G du ministère de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, du wali d'Oran et du président du FCE, démontre l'intérêt accordé à ce secteur autant par les autorités que par le monde de l'entreprise, auquel il faut ajouter le monde universitaire, représenté à l'occasion par les recteurs, mais aussi les chercheurs et les étudiants. Précisément pour ce dernier cas, parmi les exposants (activité annexe à la rencontre-débats), des étudiants, affiliés à un club de l'Institut des technologies de l'information et de la communication basé à Oran, ont conçu un prototype de drone pour les sauvetages en mer, avec une connexion qui permet une localisation instantanée du baigneur, qui porte un bracelet pour les cas d'urgence. Les moyens mis à la disposition des étudiants, comme l'imprimante 3D, avec laquelle sont par exemple conçues les petites hélices du drone, sont particulièrement motivants et c'est par ailleurs cette expérience à petite échelle qui demande à être généralisée dans le monde réel de l'entreprise et des affaires. Certains des témoignages présentés au public, représentant des parcours dits «atypiques» démontrent à quel point il est utile de mettre en place ce concept de la «Silicon Valley», déjà expérimenté dans des pays autres que les Etats-Unis. Celui-ci permet à tout porteur d'idées innovantes de trouver un cadre idéal et des facilités pour fructifier ses projets. En tant qu'opérateur économique, Ooredoo est l'un des acteurs qui ont contribué à développer des start-up en Algérie, en parrainant des initiatives ou en créant des espaces dédiés notamment en partenariat avec l'Agence nationale de développement de la PME. Les efforts n'ont pas été vains, puisque même dans le domaine du logiciel, le représentant de cette entreprise estime à 273 le nombre d'applications développées par des compétences nationales et qui ont généré près de 3 000 000 de téléchargements. Sur un autre registre, le groupe Hasnaoui, habituellement spécialisé dans le bâtiment, s'est lancé dans les télécommunications avec la création de la filiale HTA, pour répondre à un besoin précis, celui d'éradiquer les antennes paraboliques qui défigurent le paysage urbain. Il fallait trouver une solution alternative à la réception par satellite et c'est pour cela que le groupe s'est doté de son propre Data Center à Oran, afin de gérer les besoins de ses 2000 abonnés, à qui il propose 180 chaînes accessibles par la formule IPTV. Parmi les intervenants, certains peuvent être considérés comme des pionniers, c'est le cas de Djawed Allal qui, au début des années 2000, a créé sa première entreprise MainSoft pour proposer ce qu'on appelle aujourd'hui des «solutions d'intégration et de transformation digitale» et son premier projet lui a été confié par le secteur judiciaire à Oran. «Aujourd'hui, le résultat est visible, à l'exemple de la facilité du retrait du casier judiciaire, et je suis fier d'y avoir contribué», a-t-il indiqué. Sa société n'a pas survécu aux difficultés financières mais il a pu rebondir avec Adex Technology, qui propose l'intégration de solutions au profit des entreprises. En accordant un intérêt particulier à la génération née après 1995, il pense surtout au fait que les jeunes d'aujourd'hui sont plus familiers avec les nouvelles technologies et qu'ils sont de fait porteurs de renouveau. «Cette génération représente le véritable socle de la transformation digitale, qui a déjà commencé, et qui est inévitable pour celui qui ne veut pas rater la prochaine étape du développement industriel». C'est sans doute pour cela qu'il lance un appel aux pouvoirs publics afin de réduire les taxes imposées sur le matériel et les équipements informatiques. Bouzid Mehdi n'avait que 18 ans en 2006 lorsqu'il a lancé le site Oued Kniss. Aujourd'hui, avec le million de visites par jour et les 2600 abonnés (des magasins en ligne), la réussite est visible. «Le public algérien s'adapte très vite aux innovations, mais ce qu'il faut c'est simplifier les idées et les procédures», indique-t-il. Se basant sur sa propre expérience, il fera remarquer que, de manière générale, «les jeunes ne sont pas pris au sérieux lorsqu'ils se présentent pour demander un appui qui n'est pas forcément financier». Les choses sont peut-être en train de changer, et l'initiative du FCE en est en quelque sorte l'illustration. D'autres jeunes se sont lancés dans des expériences diverses, même si elles sont plus récentes, comme les initiateurs de Dirassatic, pour atténuer l'échec scolaire, Emploitic, pour les recherches d'emploi en ligne, une tendance qui va en s'amplifiant, Beeform, solution e-learning pour les formations en masse, Jumia Algérie, le 1er site de e-commerce en Algérie proposant des livraisons à domicile et tant d'autres expériences. Issu de la diaspora algérienne ayant beaucoup travaillé à l'étranger, Zine Seghier est le fondateur de la société Issal, premier fournisseur du service Cloud en Algérie. «Nous sommes le représentant officiel de Google en Algérie et nous disposons de notre propre Data Center avec 2500 serveurs virtuels opérationnels», indique-t-il. Sur internet se pose le problème de la confidentialité des informations qui sont stockées quelque part, mais le représentant d'Issal met en avant une certaine autonomie en assurant que «même lorsqu'un câble internet rompt, la messagerie locale continue de fonctionner». La société Alfatron, basée à Hassi Ameur (Oran), fabrique déjà des microordinateurs, des portables, des serveurs, etc. «Nous sommes en train de travailler sur la réalisation d'un super calculateur algérien ou unité de calcul intensif pouvant être mis au profit des universités, avec également des logiciels qui sont conçus entièrement par des Algériens», indique le représentant de cette usine qui existe depuis 24 ans, mais qui n'est pas très connue, car elle privilégie le travail avec les professionnels au lieu du grand public. Lui aussi considère que pour sécuriser le pays, il faut un grand Data Center local, mais il appelle en même temps les pouvoirs publics à améliorer le débit de la connexion. A noter qu'un mémorandum a été signé entre Jil FCE et ZTE, un équipementier, pour la formation et l'acquisition du savoir-faire dans le domaine du déploiement de la fibre optique, un élément essentiel dans le transfert de données.