On en parlait hier, les Saoudiens avaient menacé de prendre des mesures contre les Algériens à la suite du déploiement de la banderole à Aïn M'lila comparant le roi d'Arabie au président américain, alliés pour offrir Jérusalem aux Israéliens. Finalement, il n'y aura pas de sanction, puisque le Premier ministre Ouyahia s'est excusé officiellement, au nom du peuple et du gouvernement, par une sémantique stalinienne qui veut qu'on puisse encore parler au nom du peuple, même si on n'a jamais été élu quelque part de sa vie. Car, si on sait qui est le gouvernement, assemblée de ministres, à l'image de celui de la Justice, Tayeb Louh, qui avait déjà annoncé qu'une enquête était en cours au sujet de la banderole de Aïn M'lila, comme si on pouvait enquêter sur un bout de tissu, sa qualité, sa texture et le nom des sérigraphes qui ont participé à l'opération, on n'a pas très bien compris, par contre, qui est ce peuple au nom duquel le Premier ministre s'excuse. Le peuple RND ? Les supporters de Aïn M'lila ne s'étant pas excusés, est-ce à dire qu'ils n'appartiennent pas au peuple ? Car si ces supporters ont été choqués par les excuses du Premier ministre, c'est surtout que du point de vue moral, Ouyahia aurait dû d'abord s'excuser auprès des Algériens d'être le détenteur du record de longévité au poste de chef du gouvernement avec ce bilan économique désastreux, ou pour les milliers de disparus et les injustices commises, lorsqu'il était ministre de la Justice. Ce qui n'a pas été fait, et ces excuses en signe d'allégeance définies comme un geste diplomatique sont d'autant plus déplacées qu'une autre banderole déployée dans un stade en Arabie Saoudite, où il était écrit «Président paralysé, peuple soumis», en parlant de l'Algérie, n'a pas donné lieu à des excuses, Ouyahia n'en ayant pas demandé par mesure de réciprocité chère à la diplomatie algérienne. Reste la question à régler après ça, faut-il excuser Ouyahia de s'excuser ou s'excuser auprès du monde entier d'être soumis ?