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Ahmed Ouyahia privilégie la présomption d'innocence dans l'affaire Sonatrach S'exprimant pour la première fois à l'issue du sommet de l'Alliance présidentielle
Photo : Riad Par Ali Boukhlef Il faut prouver l'innocence des cadres mis en cause dans la désormais célèbre affaire des dirigeants de Sonatrach. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui s'est exprimé hier en fin d'après-midi à l'issue de la réunion au sommet de l'Alliance présidentielle, a donc joué la prudence sur des affaires qu'il qualifie lui-même d'«importantes». «Il y a une directive signée en décembre 2009 par le président de la République. C'est vous dire que la lutte contre la corruption n'est pas le fait du hasard et ne date pas d'aujourd'hui. Cependant, il y a une justice qui fait son travail, il faut laisser les juges décider», a-t-il lancé à l'adresse de la presse, avant de poursuivre qu'il «existe une notion appelée la présomption d'innocence. Une fois les verdicts rendus, on pourra dès lors parler de responsabilité politique. Mais, je rappelle que ce n'est pas le cas». La multiplication de ces affaires de justice a poussé le Premier ministre, qui préfère à l'occasion s'habiller plutôt du «costume partisan», même si ses réponses convergent vers le Palais du docteur Saadane, à annoncer que «la constitution de l'Observatoire national de prévention et de lutte contre la corruption interviendra au plus tard à la fin du mois de mars prochain». Il indiquera, également, qu'une commission plus répressive sera créée, sans annoncer la date de sa mise en place. Il dira aussi que les ministères et les grandes institutions publiques seront dotés de conseillers juridiques issus du rang des magistrats pour surveiller les marchés publics et les transactions. Tout cela, a-t-il expliqué, afin de renforcer l'arsenal juridique national dans le domaine de la lutte contre la corruption. Cependant, Ahmed Ouyahia, soutenu en cela par l'Alliance présidentielle à la tête de laquelle il trône depuis hier pour une période de trois mois, veut apparemment éviter d'endosser l'étiquette de «chasseur de sorcières». Le communiqué final de la réunion de l'Alliance évoque d'ailleurs la nécessité de «protéger les cadres intègres et faire en sorte que la justice se saisisse des dossiers avant la presse». L'autre chapitre de l'actualité qui a occupé l'essentiel des réponses de Ahmed Ouyahia, qui admet volontiers que «le gouvernement a une défaillance en matière de communication», est sans doute la fameuse liste des Etats-Unis d'Amérique portant sur des pays à risques, comprenant l'Algérie. Voulant visiblement éviter un cafouillage avec son ministre de l'Intérieur, le Premier ministre n'a pas exclu la possibilité de voir l'Algérie employer la réciprocité envers les citoyens américains si ces mesures étaient appliquées. «L'Algérie est connue pour sa politique de réciprocité depuis des années. Cela n'est pas étranger pour nous. Cela dépend, par contre, de l'attitude des Américains. Nous attendons de voir de quoi il s'agit et allons réagir en conséquence. Et je suis convaincu que l'Etat algérien appliquera la réciprocité sans complexe», a-t-il estimé.S'il n'a pas dit si l'Algérie appliquerait ou non la même chose envers la France, Ahmed Ouyahia a estimé que les mesures prises à l'encontre des Algériens dans les aéroports français, dans le cadre de ce que l'on appelle la lutte contre le terrorisme, «ne sont pas de nature à encourager la création de relations d'exception». Là, l'orateur répond sur une question relative à la visite du ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner. «Non, ce n'est pas l'Algérie qui a reporté sa visite [celle de Kouchner]. Il est libre de venir ou pas», a-t-il indiqué, tout en affirmant que «les relations entre les deux pays sont normales». Toujours dans le dossier des relations internationales, Ahmed Ouyahia a rappelé que les liens entre l'Algérie et l'Egypte sont «normaux» et basés sur des «intérêts communs». Il a indiqué que l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, est à son poste, une manière de signaler qu'il n'y a pas de rupture des relations diplomatiques. «Certains ont même proposé une médiation. Nous avons refusé parce que, d'une part, nous n'avons rien à nous reprocher et, ensuite, les relations ne sont pas arrivées au point de nécessiter une médiation». Sauf qu'il a reconnu que les Egyptiens ont dépassé les limites. «Les pays arabes, y compris les plus proches de l'Egypte, ont salué notre sang-froid», a-t-il rappelé. Sur le plan social, Ahmed Ouyahia ne semble pas admettre les multiples mouvements sociaux sur la scène nationale. Il qualifie les grèves en cours d'«agitation» et désigne, sans les nommer, des «partis qui ont perdu sur le plan politique et qui veulent revenir sur la scène syndicale». Cela dit, l'Alliance présidentielle a appelé le gouvernement, dans son document final, à «user de plus de dialogue» avec les mouvements sociaux. Il est à rappeler que l'Alliance présidentielle, constituée du RND, du FLN et du MSP, se réunit périodiquement pour changer principalement sa direction. Depuis hier, la présidence tournante du triumvirat est revenue au RND.