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Les menaces américaines n'ont servi à rien
L'assemblée générale de l'ONU condamne les Etats-unis
Publié dans El Watan le 23 - 12 - 2017


Ghaza, de notre correspondant
Malgré les menaces américaines directes, lancées par le président Donald Trump, de couper les aides financières à tous les pays qui voteraient en faveur d'une résolution condamnant la reconnaissance, par Washington, de la ville sainte d'Al Qods (Jérusalem-Est) comme capitale de l'Etat d'Israël, les Etats-Unis et leur protégé, l'Etat hébreu, ont subi une nouvelle humiliation à l'Assemblée générale des Nations unies. Sur les 193 pays membres, 128 ont voté pour la résolution, 9, dont les Etats-Unis et Israël, ont voté contre et 35 pays se sont abstenus.
Le vote de jeudi, survenant après l'adoption, mardi, d'une résolution réaffirmant le droit des Palestiniens à l'autodétermination et une autre, mercredi, affirmant le droit des Palestiniens sur leurs ressources naturelles dans les Territoires occupés, y compris la ville sainte d'Al Qods, est une grande victoire pour les Palestiniens sur la scène politique internationale, où les Etats-Unis et Israël n'ont jamais semblé aussi isolés.
Les Palestiniens se sont félicités de ce soutien international. «Cette décision réaffirme que la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien du droit international. Nous allons poursuivre nos efforts à l'ONU et dans d'autres forums internationaux pour mettre fin à l'occupation israélienne et créer un Etat palestinien avec Al Qods (Jérusalem-Est) comme capitale», a déclaré jeudi soir Nabil Abou Roudeina, le porte-parole officiel de la présidence palestinienne.
Quant à l'ambassadeur de la Palestine à l'ONU, Ryad Mansour, il a qualifié le vote de l'Assemblée générale de «revers cinglant» pour les Etats-Unis. «Malgré leurs menaces et leur agressivité, les Etats-Unis n'ont pas réussi à persuader la plupart des Etats, qui ont fait un choix libre et souverain», a dit le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad Al Malki, après le vote. «Nous sommes ici pour écrire un nouveau chapitre avec les pays qui souhaitent que la ville d'Al Qods occupée en 1967 soit la capitale de la Palestine et rejettent la décision du président Trump, contraire au droit international», a ajouté le responsable palestinien. Hier, au cours d'une conférence de presse commune avec le président français, Emmanuel Macron, à Paris, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré, une nouvelle fois, que «les Etats-Unis ne sont plus capables de donner quelque chose de nouveau et ne sont plus un médiateur honnête dans le processus de paix». Le président palestinien a réaffirmé «qu'en prenant des positions partisanes en faveur d'Israël, les Etats-Unis se sont disqualifiés eux-mêmes».
Il a, par ailleurs, vivement critiqué les menaces américaines de représailles financières adressées par le président Trump en personne aux pays qui condamneraient la position américaine vis-à-vis de la Ville sainte. «On ne peut pas imposer au monde des positions en utilisant l'argent. On ne peut pas payer des Etats en exigeant qu'ils adoptent une position politique donnée», a martelé Mahmoud Abbas, dont les positions radicales contre les Etats-Unis depuis leur annonce vis-à-vis d'Al Qods ont surpris beaucoup d'observateurs.
Le président français, Emmanuel Macron, a, pour sa part, réaffirmé le soutien de la France à la solution à deux Etats. «Il n'y a pas d'alternative à la solution à deux Etats et pas de solution sans accord entre les parties sur Jérusalem.» Mais il a déclaré également ne pas avoir l'intention de reconnaître unilatéralement l'Etat de Palestine afin de ne pas marginaliser la France, comme l'a fait pour les Etats-Unis le président Donald Trump.

Rejet israélien et colère américaine
Comme prévu, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a rejeté la décision de l'Assemblée générale de l'ONU qu'il a qualifiée de «maison du mensonge». Il a également exprimé sa «satisfaction» face au nombre de pays qui ont voté contre ou se sont abstenus de voter, une manière plutôt ridicule de chercher une «victoire» là où elle n'existe pas. Netanyahu a omis, dans ses déclarations, de donner le nombre de pays qu'il a suppliés de voter contre la résolution dénonçant les Etats-Unis et qui ont fait le contraire.
Le Premier ministre israélien est en fait persuadé que si ce n'étaient les menaces américaines de représailles financières, il n'y aurait eu que la voix de son pays et celle des Etats-Unis contre la résolution adoptée jeudi par une large majorité de l'Assemblée générale des Nations unies. Quant à l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, elle semblait folle de rage après le vote. «Nous nous en souviendrons quand on nous demandera encore une fois de verser la plus importante contribution financière à l'ONU», a déclaré Nikki Halley. Le message adressé par les Etats-Unis est clair. Il n'est plus question de droit international, lorsque celui-ci s'oppose à la volonté et aux décisions américaines.
Nouvelle journée de colère en Palestine occupée
Sur le terrain, les Palestiniens ne décolèrent pas. Les protestations populaires n'ont pas cessé depuis le 6 décembre, jour de l'annonce du président américain, Donald Trump, de la ville d'Al Qods capitale de l'Etat hébreu. Ils ont déjà payé cher et sont prêts à plus de sacrifices pour la Ville sainte à laquelle l'attachement des Palestiniens est indéfectible. Dans les affrontements entre des jeunes Palestiniens et des forces de l'occupation israéliennes qui se sont déclenchés juste après la prière du vendredi, un Palestinien a été tué et des dizaines d'autres ont été blessés dans les villes de la Palestine occupée, y compris dans la ville sainte d'Al Qods, occupée et annexée par Israël en 1967, mais dont les Palestiniens veulent en faire la capitale de leur Etat indépendant. Le martyr de ce vendredi est tombé dans la bande de Ghaza. Il s'agit du jeune Zakaria Al Kafarna, âgé de 24 ans, atteint d'une balle à la poitrine, tirée par un des soldats israéliens postés de l'autre côté de la ligne de frontière, à l'est de Djabaliya, au nord de la bande de Ghaza. Al Kafarna et des centaines de jeunes s'étaient dirigés vers les zones frontalières avec l'Etat hébreu, cherchant une confrontation déséquilibrée avec des soldats israéliens surarmés et bien protégés. Les jeunes leur jettent des pierres et reçoivent en réponse des balles mortelles. Ashraf Al Qedra, porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, a déclaré que plusieurs autres jeunes ont été blessés par des balles réelles tout au long de la ligne de frontière. En Cisjordanie occupée, la révolte populaire s'est propagée partout. Dans la ville d'Al Qods, à Ramallah, Bethléem, Kalkiliya, Naplouse, Jenine et autres, les mêmes scènes se sont reproduites au niveau des points de contact direct avec les soldats de l'occupation. Des milliers de jeunes, furieux contre les Etats-Unis et l'occupation israélienne se heurtent aux forces israéliennes. Leurs seules armes sont des pierres, des pneus brûlés et des cocktails Molotov.
De l'autre côté, les soldats israéliens utilisent des balles en caoutchouc, des balles réelles, des jets d'eaux usées, des bombes assourdissantes et des bombes lacrymogènes toxiques. 9 Palestiniens, dont 7 dans la bande de Ghaza, ont été tués depuis le 6 décembre. Plus de 3000 ont été diversement blessés et 500 autres ont été emprisonnés durant la même période. Vu les réactions de rejet par le gouvernement de droite israélien de Benyamin Netanyahu de la résolution adoptée jeudi par l'Assemblée générale des Nations unies, et fort du soutien indéfectible d'une administration américaine semblant mépriser le monde entier, les Palestiniens sont conscients que la sauvegarde de la ville sainte d'Al Qods ne dépend que de leur seule volonté de résistance et de sacrifice.
Farès Chahine


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