Un fiasco. Il a pourtant tenté dès l'ouverture de la réunion FLN-UGTA-organisations patronales de déminer le terrain. Face à Abdelmadjid Sidi Saïd et Ali Haddad, Djamel Ould Abbès a accusé des parties d'avoir voulu semer la zizanie et rappeler, la main sur le cœur, que le FLN n'était pas contre la charte public-privé signé le 23 décembre à Alger par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, la centrale syndicale UGTA et la plus importante organisation patronale, le FCE. «Nous n'avons jamais affirmé que nous étions contre cette charte, a déclaré le SG du FLN. Comme nous n'avons jamais eu l'intention de nous en prendre au Premier ministre Ouyahia, car son départ ou son maintien est une prérogative du président Bouteflika.» Mal à l'aise durant son intervention, le chef de la plus importante formation politique du pays va faire amende honorable et célébrer un accord qu'il avait désavoué quelques jours plus tôt devant ses militants à Souk Ahras. «On applaudit la signature de cet accord», s'est exlamé M. Ould Abbès devant un Ali Haddad, les bras croisés, le visage grave et qui n'a pas desserré les dents durant toute son intervention. Car les deux invités à la «rencontre de convivialité», comme a tenu à le préciser le patron de l'UGTA, en avaient gros sur le cœur. Pendant plusieurs jours, ils ont été accusés de chercher à brader les entreprises publiques pour l'un et d'avoir une attitude de prédateur pour l'autre. Face aux accusations, Sidi Saïd a rappelé que cette charte avait un dénominateur commun : le président de la République et l'avenir de l'Algérie.» «Il est simple de tenir des propos populistes, mais cela ne permet ni de nourrir, ni d'habiller, et encore moins de loger le citoyen.» Une pique à peine voilée aux insinuations lancées par M. Ould Abbès au lendemain de la signature de la charte public-privé. «On ne va pas se délester des entreprises stratégiques», s'est écrié un Sidi Saïd remonté. Mais le coup de grâce sera porté par Ali Haddad. Dans un arabe hésitant, le patron du FCE va attaquer point par point les accusations du chef du FLN. «Nous rejetons totalement les accusations irresponsables propagées par certains à l'encontre des patrons, en décrétant des lignes rouges qu'il ne faut pas franchir.». «On plaide à travers la charte que nous avons signée pour une collaboration fructueuse avec les entreprises publiques et nous ne cherchons pas leurs privatisations. Nous respectons toutes les lois de la République», a encore déclaré le patron de l'ERTHB devant un Ould Abbès livide qui a bien tenté quelques traits d'humour pour détendre l'atmosphère, mais ni Abdelmadjid Sidi Saïd et encore moins Ali Haddad n'avaient le cœur à rire, hier au siège du FLN. Seul lot de consolation pour M Ould Abbès : la signature par les trois parties de la déclaration commune et d'une lettre de remerciements adressée au président de la République. Faute d'avoir été invité à la cour des grands, le 23 décembre, le secrétaire général du FLN s'est consolé comme il a pu.