La wilaya de Tizi Ouzou compte plus d'une vingtaine de marchés informels où sont exercées diverses activités commerciales. Au niveau de la ville de Tizi Ouzou, la direction du commerce a recensé deux importants espaces commerciaux, situés à proximité du stade du 1er Novembre et de la cité des 2000 logements, à la Nouvelle-Ville. Le nombre d'intervenants au niveau du marché du 1er Novembre est de 250, détenteurs d'autorisations dûment délivrées par l'APC de Tizi Ouzou. Un projet d'aménagement de cet espace en un marché couvert répondant aux normes requises n'a toujours pas vu le jour. Au marché des fruits et légumes de la Nouvelle-Ville, le nombre de commerçants est de 200, installés de façon anarchique. A quelques centaines de mètres de ce quartier, l'ancien souk el fellah est à l'abandon depuis des années. A Tadmaït, le marché de gros des fruits et légumes opère dans l'illégalité depuis 2003 grâce à la bénédiction des précédents présidents d'APC, accuse le directeur du commerce. Dans la daïra de Draâ Ben Khedda (DBK), le laxisme des autorités locales a laissé pousser un marché couvert sur la voie ferrée. Ce dernier regroupe plus de 220 commerçants. Les promesses de l'ex-P/APC de DBK de réhabiliter le centre commercial et le marché couvert, construits depuis des lustres, n'ont pas été concrétisées jusqu'à ce jour. A proximité du siège de la daïra de DBK, les dizaines de baraques de fortune, érigées illicitement, démontrent parfaitement le degré de la démission de l'Etat régulateur de l'activité commerciale. Pour sa part, le chef de la daïra de DBK s'avoue impuissant pour lutter seul contre le commerce illicite qui profite du moindre mètre carré pour s'y installer. L'absence de l'Etat a aussi ouvert la voie à l'occupation des trottoirs et des places publiques par les marchands à la sauvette. La direction du commerce estime, dans un rapport remis au wali, que ces marchés sont épisodiques et de moindre importance. Ces marchés se tiennent pourtant tous les jours, aux mêmes endroits et depuis plusieurs années. La direction du commerce affirme que le chiffre d'affaires des marchands illicites est estimé approximativement à 30 millions de dinars par jour. Les interventions musclées des services de sécurité pour l'éradication de ce genre de commerces n'ont pas eu l'effet escompté. Les 28 marchés hebdomadaires, implantés à travers toute la wilaya, ne répondent, eux aussi, à aucune norme. Le marché des fruits et légumes de Tala Athmane, implanté au milieu d'une zone d'activité, opère dans l'anarchie et abrite de nombreuses activités informelles. La multiplication des débits de boissons et des lieux de débauche a davantage aggravé la situation. L'implantation du marché de bétail, auquel se greffe celui des voitures, à Tala Athmane, a dissuadé un important nombre d'investisseurs qui avaient songé à créer leurs unités industrielles sur place. L'instruction du ministère du Commerce, publiée en 2004 et concernant la délocalisation des marchés de gros à l'extérieur des grands centres urbains, n'a pas été suivie car aucun terrain n'a été choisi pour ce faire. Le marché hebdomadaire de Taboukert (Tizi Rached), créé depuis une année, est implanté sur le lit de l'oued Sebaou. Il sera régularisé dans quelque temps par la wilaya qui semble ignorer que le terrain abritant ce marché appartient au domaine fluvial. En plus des préjudices causés à l'économie nationale, ces marchés informels engendrent d'autres problèmes. Les commerces illicites entravent la circulation automobile, troublent la quiétude des citoyens, participent à la dégradation du cadre de vie dans les villes et font apparaître des charges supplémentaires pour les communes de la wilaya de Tizi Ouzou qui n'arrivent plus à se débarrasser de ces centaines de tonnes d'immondices, lit-on dans ledit document. Au niveau de la direction du commerce, il n'existe aucune donnée statistique sur la quantité et la valeur de la marchandise échangée. Le nombre d'infractions enregistrées en matière de contrôle des pratiques commerciales nous renseigne sur la gravité de la situation. Sur les 1325 interventions effectuées dans ce cadre par la direction du commerce, l'on a enregistré pas moins de 616 infractions constatées, soit un taux d'environ 50% des commerçants qui n'ont pas respecté les lois régissant l'activité commerciale. Des procès sont engagés à l'encontre de 15 opérateurs économiques poursuivis pour défaut de facturation dont le montant total dépasse les 364 millions de dinars. Concernant le contrôle de la qualité et de la répression des fraudes, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur les 183 opérations de prélèvement d'échantillon de produits, les services de la direction du commerce ont enregistré 94 cas de non-conformité aux normes instaurées par le marché. Durant la même période, allant de janvier jusqu'à septembre 2006, le service de la répression des fraudes a établi 1072 dossiers de poursuites judiciaires sur les 1331 infractions constatées. Aucun détail n'est toutefois fourni par la direction du commerce au sujet des résultats des procès engagés et sur l'argent récupéré. Le montant de 7,5 t de marchandises saisies, bilan de 265 interventions, dépasse les 2,4 millions de dinars. La présence de l'Etat sur le terrain demeure insignifiante à la lumière du rapport présenté par la direction du commerce lors du dernier conseil de wilaya, du 26 novembre dernier. L'inactivité des bureaux d'hygiène communaux et de certaines brigades mixtes est un handicap que la wilaya de Tizi Ouzou doit surmonter pour lutter efficacement contre le commerce informel et protéger le citoyen de la mauvaise marchandise. Cela permettra aux caisses de l'Etat de se rattraper en matière d'impôts qui se chiffrent à plusieurs milliards de dinars annuels. Cependant, l'inexistence d'espaces aménagés pour l'exercice légal de l'activité commerciale et l'absence d'une stratégie pouvant répondre aux besoins des citoyens pérennisent les marchés informels. Le wali de Tizi Ouzou estime que l'éradication des commerces informels doit se faire par la voie de la régularisation et non par celle de l'interdiction. Selon lui, l'on devra plus se cacher derrière les évènements d'avril 2001. A ses yeux, l'on ne peut plus continuer à fermer les yeux sur un mal qui s'aggrave de jour en jour. A ce propos, tous les directeurs de l'exécutif et les chefs de daïra sont instruits de travailler ensemble pour l'élaboration d'un plan d'action avant la fin de l'année 2006. La direction de l'urbanisme devrait aussi penser, à l'avenir, à intégrer des espaces réservés aux marchés de proximité au niveau de chaque quartier où le besoin se fait sentir.