- Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, lors du Conseil des ministres du 27 décembre dernier, la décision de consacrer Yennayer «journée chômée et payée» dès le 12 janvier 2018. Quelle appréciation faites-vous de cette décision ? La décision de consacrer Yennayer «journée chômée et payée» dès le 12 janvier courant est un acte majeur dans l'histoire de l'Algérie. Cette consécration par Son Excellence le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est une réparation d'un préjudice millénaire. Un geste posé comme un baume sur une plaie et qui contribuera à la cicatrisation des meurtrissures de notre société. Elle s'ajoute au processus de la réappropriation de l'identité nationale dans ses trois composantes. Nous avons tant besoin de consolider le socle commun de notre identité dont Yennayer est l'un des éléments phares. Un pas de géant est accompli : l'Algérie se réapproprie sa référentielle historique et civilisationnelle dans une atmosphère apaisée. - Le coup d'envoi des festivités de Yennayer, qui s'étaleront jusqu'au 19 janvier, a été donné à Ghardaïa. Pouvez-vous nous détailler le programme ? Commencer à Ghardaïa puis éclater le programme sur plusieurs wilayas (Oran, Annaba, Blida, Touggourt …) est pour affirmer notre indéfectible unité dans la diversité. Yennayer est la preuve irréfutable que nous avons un socle commun. Le HCA, qui sillonne depuis des années le pays, est en droit d'affirmer cette unité constatée et que tamazight est un facteur de cohésion et une ceinture gardienne de notre vaste contrée. - Un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a arrêté une série de mesures (allocation de postes budgétaires pour renforcer l'enseignement de tamazight et installation d'un groupe de travail interministériel pour préparer l'avant-projet de loi portant création de l'Académie de langue amazighe). La ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit, a annoncé, de son côté, une opération de recrutement de 300 enseignants. Votre institution a toujours plaidé en faveur de ces actions… Un Conseil interministériel sous la présidence du Premier ministre vient de se tenir le lundi 8 janvier pour justement concrétiser les directives du président de la République relatives à la généralisation de l'enseignement de tamazight au niveau du système d'enseignement national et la préparation de l'avant-projet de loi organique portant création de l'Académie algérienne de la langue amazighe. Ainsi, il a été décidé l'affectation de 300 postes budgétaires supplémentaires pour l'enseignement de tamazight à la demande de la ministre de l'Education nationale en attendant l'inscription des autres besoins pour élargir la formation et la recherche au niveau des universités. Egalement, il faut retenir l'installation d'un groupe de travail auprès du Premier ministère pour l'élaboration du projet de texte de loi organique portant création de l'Académie algérienne de la langue amazighe. - Dans votre dernière déclaration à l'APS, vous affirmez que des efforts restent à accomplir pour atteindre l'objectif de «conférer à la culture et la langue amazighes la place légitime qui leur revient dans notre pays»… Nous l'avons toujours dit : un long travail nous attend pour rendre à la langue et la culture amazighes la place qui leur sied. D'abord un long travail sur la langue, sa normalisation et sa standardisation, des pas de géant ont été réalisés dans ce domaine déjà, mais qui restent insuffisants au regard de la richesse et de l'immensité du chantier. Nous avons le devoir aussi de partager cette culture avec tous les Algériens, cette formidable culture qui a donné à l'humanité tant d'hommes et de femmes, qui par leurs touches ont contribué d'une manière efficace à la civilisation universelle. Ce sont ces hommes et femmes que nous devons mettre en valeur, les inscrire dans la politique culturelle nationale. C'est aussi une richesse et une diversité des traditions, du patrimoine culturel, que nous devons préserver et faire revivre au quotidien.