Un groupe de travail interministériel sera installé au-près des services du Premier ministre pour s'atteler à la préparation d'un avant-projet de loi organique portant création de l'Académie de langue amazighe et ce, « au cours du premier semestre de 2018», indiquent les services du Premier ministère. C'est l'une des décisions principales prises en conseil interministeriel réuni avant-hier, consacré également à l'allocation de postes budgétaires supplémentaires pour la généralisation de l'enseignement de tamazight. Selon un communiqué des services d'Ahmed Ouyahia, ce Conseil interministériel a débouché sur «l'allocation de postes budgétaires supplémentaires, pour renforcer l'enseignement de tamazight dans le secteur de l'Education nationale, et pour élargir la formation et la recherche en tamazight au niveau des universités». Un groupe de travail interministériel sera installé pour «la préparation d'un avant-projet de loi portant création de l'Académie de langue amazighe qui suivra le parcours habituel au niveau du gouvernement puis du Conseil des ministres avant d'aboutir devant le Parlement au cours de ce premier semestre 2018», précise le communiqué. Ce sont ainsi les premières mesures «pour dynamiser» l'enseignement de cette langue, prises quelques jours après l'annonce du chef de l'Etat de la consécration de Yennayer en tant que journée chômée et payée. Le président de la République a, faut-il le rappeler, chargé le gouvernement, le 27 décembre dernier, d'«accélérer la préparation du projet de loi organique portant création d'une Académie algérienne de la langue amazighe». Des manifestations, des marches et des interventions d'hommes politiques et de culture ont interpellé les pouvoirs publics pour la promotion effective de tamazight et la mise en place des moyens nécessaires pour la généralisation de son enseignement et de son utilisation et la levée du caractère facultatif de son enseignement. Ces actions de protestation sont intervenues après le rejet par la commission des finances de l'Assemblée populaire nationale d'une proposition d'amendement, dans le cadre du projet de loi de finances 2018, sur la promotion de tamazight. L'article proposé par le Parti des travailleurs stipule que «l'Etat veillera à la généralisation de l'enseignement de tamazight dans tous les établissements scolaires publics et privés, selon un programme obligatoire et progressif». La commission des affaires juridiques a rejeté la proposition, estimant que «les autorités ont fourni des efforts considérables pour la promotion de la langue amazighe», rappelle-t-on également. Recrutement de 300 nouveaux enseignants de tamazight L'enseignement de tamazight, actuellement dans 38 wilayas, sera élargi à une dizaine de nouvelles wilayas. Nouria Benghabrit, qui s'est exprimée hier lors de son passage à la Chaîne 3 de la radio nationale, a annoncé le recrutement de 300 nouveaux enseignants de langue amazighe pour la rentrée scolaire 2018/2019. La ministre indique avoir reçu un avis favorable pour l'ouverture des postes budgétaires nécessaires pour couvrir les besoins en enseignants de tamazight ainsi que pour l'élargissement de son enseignement. «Le nombre sera fixé après les conférences régionales pour l'évaluation des besoins qui se tiendront à la fin du mois de janvier», précise la ministre, qui souligne que les besoins concernent également les nouveaux établissements qui seront ouverts, après le dégel par le gouvernement des projets de réalisation des établissements scolaires malgré la crise. L'effort du ministère sera également axé sur l'amélioration de la didactique de la langue amazighe, comme toutes les autres matières enseignées, souligne la ministre, rappelant le plan de formation lancé dernièrement et qui concerne toutes les matières sans exception. En attendant la standardisation et le choix des experts et des académiciens de cette langue, le ministère a opté pour une «approche pragmatique», note la ministre. Cette approche se traduit par l'élaboration du nouveau manuel actuellement utilisé pour la 4e année primaire dans les trois graphies (arabe, latine et tifinaghe), en vue, selon Mme Benghabrit, d'une généralisation de l'usage «à l'intérieur des variétés». La ministre de l'Education rappelle l'importance accordée à la célébration du jour de l'an amazigh. Pour la ministre, l'enseignement de la langue amazighe est «la réconciliation avec soi». «Le fait de fêter Yennayer à l'intérieur des écoles va réconcilier les Algériens entre eux et faire de notre algérianité et de ses composantes leur référent fondamental», a-t-elle conclu.