Le mérite de la clarté. Khelil n'aime pas Ouyahia, pourtant chef du gouvernement désigné par son ami le Président, et il s'est violemment attaqué à lui, considérant qu'il est l'homme de l'échec, ayant dirigé le gouvernement quatre fois sans rien réussir de précis. Si, d'après Khelil, Ouyahia «a réussi dans la généralisation et la propagation de la misère dans les rangs du peuple algérien. Il a mis en prison des milliers de cadres intègres et a fermé des dizaines d'entreprises dont nombre d'entre elles étaient prospères». Si un opposant avait dit à peu près la même chose, il aurait été insulté par le chef du gouvernement, Seddik Chihab, Nahar TV et Naïma Salhi, voire convoqué par la police ou traîné en justice par les pieds. Sauf que c'est un membre de la famille régnante, intouchable. Ce qui ne règle pas la question, pourquoi Khelil attaque-t-il Ouyahia alors que ce dernier l'a publiquement défendu dans l'affaire des rétrocommissions de Sonatrach ? Si l'on évoque une guerre de succession, on se trompe, Khelil a épousé une Américaine, ce qui le disqualifie pour la Présidence, et Ouyahia est kabyle, ce qui l'élimine de facto, même avec Yennayer et les gâteaux. La guerre est en fait peut-être économique, Khelil est partisan des IDE, c'est-à-dire de l'investissement direct par les multinationales, créatrices d'emplois et de valeurs ajoutées mais non rentables fiscalement, qui ne font que rapatrier les bénéfices vers la maison mère. Le contraire d'Ouyahia, qui plaide pour le développement des entreprises algériennes, avec l'ambition de hisser les pâtes Benamor comme aliment-énergie mondial et envoyer Tahkout monter des pneus sur les navettes spatiales. Récapitulatif. Personne n'aime Ouyahia, à part Chihab, que personne n'aime, excepté quelques apparatchiks du RND connectés sur le foncier. Khelil aime l'Amérique, le Président et la rationalité économique. Mais Ouyahia n'aime personne. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est Premier ministre. C'est ce que Khelil n'a pas compris.