La 28e session du comité central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), représentant le Conseil national palestinien, s'est ouverte dans la soirée de dimanche dernier, en présence du président palestinien, Mahmoud Abbas. Son principal ordre du jour : la mise en place d'une nouvelle stratégie palestinienne pour faire face à la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître Al Qods (Jérusalem-Est) comme capitale d'Israël, et contrer la politique expansionniste de l'Etat hébreu qui rejette ouvertement la solution à deux Etats prônée par les Palestiniens et le reste de la communauté internationale. Lors de son long discours, Mahmoud Abbas a qualifié la «transaction du siècle», plan de paix du président américain, de «claque du siècle». Il a également réitéré le rejet par la direction palestinienne d'une médiation américaine dans tout processus de paix futur visant à mettre fin au conflit israélo-palestinien. Le président palestinien a souligné, par ailleurs, qu'Israël avait mis fin aux Accords d'Oslo signés en 1993 et qui représentaient la référence des négociations de paix et dont il a été l'un des principaux architectes. Selon ces accords, résultat de plus de 6 mois de négociations secrètes entre des représentants du gouvernement israélien, présidé à l'époque par Yitzhak Rabin et des représentants de l'OLP, dont le chef était Yasser Arafat, la Palestine occupée devait être dans un premier temps «autonome» avant de se transformer au bout de cinq ans en un Etat palestinien indépendant. L'Etat palestinien indépendant devait naître d'un accord final sur des questions-clés, comme le statut de la ville d'Al Qods, occupée et annexée par Israël en 1967, les frontières finales, la colonisation, la question des réfugiés et la libération des prisonniers palestiniens. Mais tout cela ne s'est pas produit. Près de 25 ans plus tard, après avoir saboté toutes les tentatives d'accord, Israël a tranché de façon unilatérale sur tous ces dossiers en refusant l'existence d'un Etat palestinien indépendant sur les terres palestiniennes occupées en 1967, en décidant de garder la ville d'Al Qods comme partie de sa capitale, en refusant l'arrêt de la colonisation et en rejetant toute possibilité de retour des réfugiés sur leurs terres et au sein de leurs maisons dont ils ont été expulsés en 1947 et 1948. La trahison arabe A cause de cette politique, le processus de paix est à l'arrêt total depuis 2010. Une tentative américaine de le faire redémarrer en 2013 a échoué à cause de l'obstination du gouvernement israélien sur la question de la colonisation qu'il a refusé de geler durant les négociations parrainées par John Kerry, à l'époque secrétaire d'Etat. Le comité central de l'OLP, dont la réunion s'est poursuivie hier, devrait décider de l'avenir des relations avec Israël et donc de l'ensemble des accords conclus depuis 1993. La question de la remise en cause de la reconnaissance de l'Etat hébreu, qui a été faite lors des Accords d'Oslo, est un point crucial sur lequel devait se prononcer le comité central. Le président de l'OLP, Mahmoud Abbas, et le président du Conseil national palestinien (le Parlement de l'OLP) ont tous les deux dénoncé la décision américaine à propos de la ville d'Al Qods, réaffirmant qu'elle restera la capitale éternelle de l'Etat de Palestine. M. Abbas a reconnu dans son discours que la localité d'Abou Diss, proche d'Al Qods, lui a été proposée pour être la capitale de la Palestine, ce qu'il a catégoriquement refusé. Gilaad Ardan, ministre israélien de la Sécurité interne et membre du parti Likoud de Benyamin Netanyahu, a déclaré, hier, que «le discours du président Abbas est plein d'incitations, de mensonges et d'allégations contenant du délire». Pour lui, c'est Mahmoud Abbas qui entrave le processus de paix. Le Hamas et le Djihad islamique absents Les mouvements islamistes, le Hamas, qui contrôle toujours la bande de Ghaza malgré un processus de réconciliation avec le mouvement Fatah, mis en marche en octobre 2017, et le Djihad islamique, ont refusé une invitation pour participer aux travaux du comité central de l'OLP. Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a déclaré que «la réunion devait se tenir hors de la Palestine occupée pour pouvoir prendre plusieurs décisions, dont celle consistant à mettre fin aux Accords d'Oslo et à la coordination sécuritaire avec le gouvernement de l'occupation israélienne». Le mouvement Hamas demande également de couper toutes les relations avec les Etats-Unis après l'annonce de Trump. D'un autre côté, le dirigeant au sein du Djihad islamique, Khader Habib, a déclaré qu'un «consensus national était en faveur d'un dialogue auquel tout le monde doit participer pour sortir ensemble avec une stratégie et une vision communes». Pour Khader Habib, il faut mettre aussi «en place des mécanismes capables de faire face aux nouveaux défis dangereux que représentent la décision de Trump à propos d'Al Qods et celle du Likoud à propos de l'annexion de la Cisjordanie occupée». Le Fatah a critiqué la position du Hamas et du Djihad islamique concernant leur refus de participer aux travaux du comité central de l'OLP. C'est donc sans la participation active de ces deux factions islamistes que le Conseil national palestinien s'apprête à mettre en place la stratégie prochaine qui sera suivie par la direction palestinienne et cela ne peut être que nuisible au projet national palestinien.