Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a exclu tout retour de la violence contre Israël, mais il a réitéré son refus de reprendre les négociations avec l'Etat juif avant un gel complet de ses activités de colonisation. Devant le Conseil central de l'OLP qui s'apprête à proroger son mandat présidentiel faute d'accord de réconciliation avec le Hamas sur la tenue d'élections, Abbas a exigé en outre d'Israël qu'il accepte le principe d'un Etat palestinien sur les territoires conquis en 1967 - Jérusalem-Est, Cisjordanie et Gaza. Mahmoud Abbas, qui préside à la fois le mouvement nationaliste Fatah, l'Autorité palestinienne et l'OLP, a jugé non pertinent le moratoire de dix mois sur de nouvelles implantations juives décrété en novembre par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Cette mesure, qui ne concerne ni les 3.000 logements en cours de construction destinés à 10.000 nouveaux colons en Cisjordanie ni l'extension des habitations pour les Juifs à Jérusalem-Est, a été présentée par Benjamin Netanyahu comme devant favoriser la reprise rapide des pourparlers de paix souhaitée par le président américain Barack Obama. Mais le président Mahmoud Abbas a réitéré que l'initiative de "Bibi" Netanyahu ne répondait pas à ses exigences légitimes et a affirmé qu'elle trahissait une absence de réelle volonté de paix de la part de son gouvernement dominée par la droite et l'extrême droite nationalistes. Après avoir été soutenu dans son exigence d'un gel total de la colonisation en préalable à une reprise du processus de paix lancé en novembre 2007 à la conférence d'Annapolis, Mahmoud Abbas est pressé maintenant par les Etats-Unis et l'Union européenne d'y renoncer. Le président palestinien a souligné qu'il ne posait pas de conditions mais rappelait simplement les obligations d'Israël aux termes de la "feuille de route" pour la paix de 2003, confirmée à Annapolis, qui prévoit l'arrêt de la colonisation. "Lorsqu'Israël cessera son activité de colonisation pour une période donnée et lorsqu'il reconnaîtra les frontières que nous réclamons, qui sont les frontières légales, alors rien ne nous empêchera de nous engager dans des négociations", a-t-il dit devant le Conseil central de l'OLP. Netanyahu a accusé l'Autorité palestinienne de chercher des prétextes pour ne pas revenir à la table de négociations, mais Abbas a renvoyé le compliment au chef du Likoud, au pouvoir depuis mars dernier. "Il ne veut pas de négociations". Faisant part de sa frustration devant l'attitude d'Israël, Abbas a ajouté: "Où veulent-ils nous emmener? Qu'exige-t-on de nous? Il y a une chose que je n'accepterai pas: un retour à la violence". La veille, le Hamas, qui a chassé les forces fidèles à Abbas de la bande de Gaza en juin 2007, a réaffirmé pour sa part qu'il ne renoncerait jamais à la lutte armée et à son objectif d'un Etat palestinien sur l'ensemble de la Palestine du mandat, soit de la Méditerranée jusqu'au Jourdain. Lors d'un meeting géant à l'occasion du 22e anniversaire du Hamas, Ismaïl Haniyeh, chef du mouvement islamiste à Gaza, a récusé d'avance la légalité du maintien d'Abbas à la présidence de l'Autorité palestinienne par le Conseil central de l'OLP, qui doit aussi appuyer ses conditions pour une reprise des pourparlers de paix. L'OLP, fondée en 1964, est universellement reconnue comme l'instance représentative du mouvement national palestinien, même si le Hamas et le Djihad islamique n'en font pas partie, et l'Autorité palestinienne mise en place par les accords d'Oslo de 1993 procède d'elle. La médiation menée depuis des mois par l'Egypte entre le Hamas et le Fatah d'Abbas a abouti à une proposition d'élections présidentielle et législatives en juin prochain en Cisjordanie et à Gaza, mais, contrairement à Abbas, le Hamas n'a pas adhéré à ce compromis. Le Conseil central soutient l'idée égyptienne et réclame un surcroît d'efforts en faveur d'une réconciliation entre les deux mouvements palestiniens rivaux. Mais, selon Abbas, le Hamas "ne croit pas à la démocratie ni à la nation".