Plus d'une dizaine de parents d'enfants autistes ont eu le plaisir d'apprendre que leurs enfants ont une chance de mener une vie sociale indépendante et de suivre un cursus scolaire avec les autres enfants. La conférence sur l'autisme et la méthode éducative Supplied Behaviour analysis, organisée hier par l'Association nationale de l'enfant autiste à la salle de cinéma Cosmos, à Riadh El Feth, animée par le Dr Joseph Eugène Morrow, a donné une lueur d'espoir à ces parents désemparés et soucieux de l'avenir de leurs enfants malades. Après avoir donné un aperçu sur l'historique de la maladie qui a été nommée pour la première fois en 1943 par le Pr Léo Kanner, l'invité de l'association a tenu à préciser que les causes de l'autisme ne sont pas à ce jour totalement élucidées. Il a souligné que durant les années 1950, les parents étaient pointés du doigt comme étant responsables. Cette théorie a été remplacée, au fil des années, par des suppositions disant que la maladie serait liée à l'environnement et au facteur génétique. Le Dr Morrow a signalé qu'il y a deux types d'autisme. Le premier se manifeste à la naissance et le second, le plus important, fait son apparition à partir de 18 mois. Les premiers symptômes apparaissent à l'âge de trois ans. Le nombre de cas est en augmentation dans le monde, a-t-il déclaré. Ces enfants présentent un retard de développement mental et 30% d'entre eux sont sujets à l'épilepsie. Selon lui, ces enfants autistes souffrent d'un déficit neurologique qui entraîne des troubles comportementaux, des problèmes de langage, une difficulté à acquérir l'usage de la parole, l'agitation des mains, etc. L'enfant refuse alors tout contact avec le monde extérieur. Cette maladie touche cinq garçons sur deux filles, a-t-il signalé. Pour le traitement, le Dr Morrow précise qu'il n'y a pas de traitement curatif en évoquant les différentes méthodes utilisées à ce jour et qui ont donné des résultats tels que Supplied Behaviour Analysis (SBA) ou analyse appliquée au comportement apparue en 1987. Elle reste, d'après lui, la plus efficace lorsque l'enfant est pris en charge précocément d'une manière intensive. Cette méthode, qui demande l'implication des parents, consiste à évaluer d'abord les comportements de l'enfant (positifs et négatifs), puis il sera soumis à des exercices qui vont l'aider à progresser dans la parole, le jeu et le contact avec les autres. L'enfant, a expliqué le conférencier, va apprendre à acquérir de nouvelles habitudes, de nouveaux gestes qui remplaceront les anciens. « Tout effort sera récompensé et c'est ce qui permettra à l'enfant de progresser et abandonner les mauvaises habitudes », a-t-il indiqué. Cet apprentissage doit se faire durant 52 semaines à raison de 40 heures par semaine durant deux à trois années d'exercices. Ce programme qui se fait dans une école spécialisée par des éducateurs et psychologues peut aussi être adapté à la maison. Selon le Dr Morrow, les résultats sont spectaculaires. « Sur 19 enfants pris en charge avec cette méthode, neuf d'entre eux ont pu intégrer une scolarité normale. 40% d'entre eux ont continué à suivre la méthode et ont pu faire des progrès et les 10% restants n'ont pas pu faire de progrès. » L'implication des parents dans la prise en charge de leur enfant est, en fait, le souhait de l'Association de l'enfant autiste. « Nos enfants ont besoin d'être pris en charge en dehors du cercle psychiatrique et les parents ont toujours été mis à l'écart. Non seulement le diagnostic est posé tardivement, les structures spécialisées font réellement défaut. Les enfants autistes qui peuvent vraiment progresser sont mis dans des centres d'éducation avec des enfants handicapés, des trisomiques 21 et autres handicapés », regrette Mme Nouri, vice-présidente de l'association, qui lance un appel aux pouvoirs publics pour se pencher sur cette catégorie d'enfants qui serait par extrapolation au nombre de 65 000 cas. La mise en place d'une structure similaire à celle du Dr Morrow, qui a exprimé son soutien pour en créer une, est le vœu de l'Association de l'enfant autiste qui est toujours en attente de son agrément.