Le Poison français. Lettre au président de la République. Un livre de Seddik. S. Larkèche (sorti le 25 janvier 2018 à Ena Editions), qui plaide pour une «France plus égalitaire et plus juste… pour tous». Avec une préface de l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Roland Dumas. Paris De notre bureau Dans cet ouvrage, l'auteur, qui se définit comme un «intellectuel engagé dans une démarche humaniste et libre dans ses prises de parole», aborde des thèmes sensibles et controversés, comme le déni de mémoire, la nécessaire réparation des crimes historiques, la question palestinienne, le «racisme invisible», qui rongent la société française. Il propose une grille d'analyse de ce «poison» qui s'est «infiltré dans toutes les strates de la société qui risque de faire imploser le système actuel». Et comment ce «poison invisible» est accentué par une «islamophobie grandissante» depuis les attentats de janvier 2015. L'ouvrage de Seddik S. Larkèche repose sur le «tiraillement» de la France entre «un modèle assimilationniste», qui «singularise une partie de ses enfants parce qu'ils sont musulmans», et une «approche communautariste, qui s'exprime certaines fois dans un radicalisme violent». Aussi écrit-il que «déjà au XIXe siècle, la France avait considéré qu'on ne pouvait être musulman et français. Dans la communauté maghrébine, les nombreux crimes racistes renforçaient ce sentiment d'injustice et de répétition du passé colonial». La quête identitaire est un thème central de l'ouvrage. Son auteur écrit : «Depuis toujours, je vis dans ce pays avec un sentiment paradoxal, celui d'être un citoyen pas tout à fait comme les autres, disposant de la nationalité française, mais renvoyé constamment à mes origines musulmane, arabe ou algérienne. Ayant grandi dans une banlieue, la question de mon identité a toujours été cruciale.» Et aussi : «… En quête de mon identité, je prends conscience assez rapidement que je dois trouver les réponses à ces questions pour trouver des repères dans ma vie. Cette quête inconsciente commence très tôt, grâce à des voyages entre les deux pays. Depuis toujours, je me sens profondément algérien mais là-bas, je suis un banal émigré que l'on peut mépriser. Ici, en France, je suis souvent le fils d'immigrés que l'on rejette, car ne correspondant pas au faciès et à la culture dominante. » Plus loin, «La force de mon expérience algérienne au milieu des années 80' a été de me donner des réponses liées à la société algérienne, ainsi qu'à mon rapport à la société française. Cette dernière me proposait un modèle assimilationniste qui, sous couvert d'égalité, souhaitait ardemment gommer mes spécificités culturelles et surtout cultuelles, comme si ma religion, l'islam, l'interpellait dans son for intérieur. J'avais le sentiment qu'il était difficile pour le système français d'accorder les mêmes droits pour des enfants d'ex-colonisés parce qu'ils sont musulmans». A ces problématiques, il propose des réponses pour une «France plus égalitaire et plus juste… pour tous». Avec cette question : «Quelle pourrait être l'issue pour la société française d'une vraie réconciliation et du ‘‘mieux vivre ensemble'' ?» Et «Je ne crois pas à ce modèle assimilationniste, qui s'écroule par ses contradictions et fait semblant de ne pas comprendre pour perpétuer sa matrice idéologique, où le poison est confortablement installé. Je ne crois pas non plus à une approche communautariste, où les musulmans se positionneraient dans la cité comme groupe influent, imposant aux autres leurs référentiels cultuel et culturel. Ces deux approches nous conduiront à une impasse qui fracturera la France en profondeur, car le poison en constitue la colonne vertébrale. Une troisième voie est possible, celle de revenir à l'approche républicaine pleine et entière pour tous en droits et en faits, qui casse la spirale infernale du glissement vers tous les extrémismes en prônant la Liberté, l'Egalité et la Fraternité comme devise et rassemblement d'unité nationale. » Et de préciser que la mise en œuvre de cette «troisième voie» constitue «le cœur la résolution de la problématique développée» dans son ouvrage.