Un avenir économique prometteur pour l'Algérie et la France ne pourra se réaliser sans élucider la question de la mémoire et une reconnaissance par la République française de ses crimes coloniaux et une réparation des victimes, a affirmé un expert dans les relations entre les deux pays, M. Seddik Larkèche. «Tant que le contentieux historique ne sera pas résolu définitivement par une reconnaissance et une réparation des victimes Algériennes, la France sera inéluctablement interpellée par les Algériens mais aussi par ses concitoyens français d'origine algérienne», a indiqué le chercheur en stratégie et gestion des risques à l'Ecole supérieure de commerce de Saint-Etienne, dans son dernier ouvrage Risque Algérie et stratégies de développement 1830-2030 (Avril 2012-Harmattan). Pour l'universitaire, l'enjeu pour les deux pays est de travailler à des réponses dans une approche permettant de relier le passé, le présent et l'avenir afin de viser deux objectifs : nouer de vrais liens fraternels entre les deux pays et permettre à la société française de mieux faire cohabiter ses citoyens, en particulier ceux issus des ex-colonies. M. Larkèche prévient à cet effet que le temps sera un facteur «aggravant» si les problématiques ne sont pas abordées en profondeur, et non «apaisant», comme tentent de l'espérer certains politiciens français, parce qu'il est, soutient-il, de «plus en plus difficile de faire perdurer l'amnésie et par prolongement la non-réparation des crimes passés alors que toutes les ex-puissances coloniales ont entamé des processus de reconnaissance, de repentance et de réparation». Il cite pour exemples l'Italie et la Libye, l'Allemagne avec la Namibie, l'Australie avec les Aborigènes et des Etats-Unis et du Canada avec les indiens. «L'objectif est de poser le problème non pas pour stigmatiser mais pour se retrouver. La politique des non-dits depuis cinquante ans a créé de nombreuses frustrations des deux côtés de la Méditerranée», a-t-il dit, estimant qu'un avenir prometteur ne peut se réaliser sans la résolution de ces questions de fond où le champ politique prédomine sur l'économique.