La cacophonie règne, c'est le moins que l'on puisse dire, dans la maison «Algérie». Par endroit, la sensation de confusion, voire de désordre est nettement perceptible dans les cercles officiels de décision où, pour beaucoup de citoyens, on ne décide plus rien. Un sentiment largement partagé, surtout depuis l'aggravation de la maladie du président de la République. Les propos d'un haut responsable de l'entreprise nationale des hydrocarbures tenus sur la Chaîne 3 de la Radio nationale, laissant entendre que l'on pourrait céder certaines de ses filiales à des partenaires étrangers afin de les attirer davantage vers le pétrole et le gaz algériens, ont sans doute semé le doute chez bon nombre d'entre nous. Du moins de quoi nous laisser perplexes, notamment après la polémique suscitée autour de la privatisation des entreprises publiques dans le cadre du fameux et fumeux partenariat public-privé. Polémique, faut-il le rappeler, qui a nécessité un «recadrage» du débat émanant de la présidence de la République. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, en a profité pour monter au créneau et clouer au pilori les privatisations faites du temps de Abdelhamid Temmar, tout en laissant planer des doutes sur des actes de prévarication et concussion qui les ont accompagnées. D'autres ministres ont également été mis à l'index, à l'instar de Abdessalem Bouchouareb pour la cession plus que douteuse d'entreprises publiques à des opérateurs privés nationaux et étrangers… Au regard de ces mises en cause, laissées en suspens, sans suite de la part aussi bien de la justice en particulier, sans la moindre clarification de l'Exécutif en direction de l'opinion publique déboussolée et sidérée par de telles «révélations» qui prennent l'ampleur de véritables «scandales d'Etat», il ne serait pas étonnant que celle-ci vienne à conclure que la privatisation de la «life line» du pays ne serait une question de temps. De là à envisager une «dénationalisation» du fleuron de l'économie nationale, du poumon de l'Algérie, beaucoup n'osent pas y penser tant les conséquences seraient catastrophiques pour le pays. Alors, comment interpréter cette valse-hésitation autour de la question de la privatisation du secteur public, longtemps considérée comme taboue, notamment pour tout ce qui est énergie, et par conséquent jugée comme domaine stratégique intouchable ? Un ballon-sonde pour jauger l'opinion publique, serait-on tenté de croire, alors que certains experts estiment que face au déclin de la production des hydrocarbures, une réalité, la recherche de nouvelles capacités rendue nécessaire, si elle doit passer par la remise en cause du partage 51/49 pour attirer des partenaires étrangers, n'est pas à rejeter, tant qu'elle se limite aux filiales. Le plus important étant de faire en sorte que la souveraineté sur les ressources revienne à l'Etat. Mais là aussi, avant d'aller plus loin sur ce dossier des hydrocarbures, n'est-il pas plus raisonnable de faire d'abord le bilan des privatisations dans la transparence la plus totale, ce qui est loin d'être le cas jusqu'à présent, de dire à l'opinion ce qu'elles ont rapporté à la collectivité nationale et les gains procurés à l'appareil national de production dans son ensemble.