Un questionnaire a été envoyé aux entités syndicales sur le sujet. Le secrétariat national de l'Ugta s'est réuni hier à la Maison du peuple pour apporter les dernières retouches en vue de la tenue de la rencontre aujourd'hui des secrétariats généraux des unions de wilaya et des fédérations à l'hôtel El Riadh sous la présidence de Abdelmadjid Sidi Saïd. Il s'agit d'«une réunion de coordination sur la situation économique et sociale». Le patron de la Centrale syndicale que nous avons accosté à l'issue de la réunion d'hier avec les secrétaires nationaux nous a déclaré que «la rencontre devra mettre en exergue un large débat au sein des structures syndicales autour de la stratégie économique du pays». Un questionnaire a été envoyé aux entités syndicales sur le sujet. Des rapports des fédérations et des unions de wilaya ont été confectionnés pour la circonstance. Ils seront soumis à débat pour concertation et enrichissement. A la question sur le contenu de ces rapports, Sidi Said a préféré garder une certaine réserve estimant que «c'est aux structures des 48 wilayas et 18 fédérations de décider des conclusions et des décisions à prendre». La réunion verra se disputer les intérêts autour de trois dossiers choc. Les privatisations, les droits sociaux avec comme importants volets le régime de retraite et la préservation des postes d'emploi ainsi que le dossier de la Fonction publique à l'origine de l'échec de la dernière bipartite Ugta-gouvernement. Pour rappel, le chef du gouvernement avait adressé un document au partenaire social qui a provoqué une vive polémique. Ce document prévoit une privatisation massive des entreprises publiques. L'annonce de Ouyahia de proposer à la cession 1200 entreprises a attisé le feu. On s'est heurté à une levée de boucliers de certaines fédérations qui ont cloué au pilori Sidi Saïd en le sommant de s'expliquer et de rendre des comptes lors d'une réunion très houleuse, il y a quelques mois de cela. Le patron de la Centrale syndicale avait alors menacé de rendre le tablier avant de déclarer contre toute attente qu'il soutenait les réformes et les privatisations ne sont nullement une mauvaise chose et qu'elles ne doivent plus constituer un tabou. Une manière de dire qu'il faut s'adapter à la nouvelle donne, mondialisation oblige. Cependant, les fédérations de l'agroalimentaire, celle du textile et récemment celle du secteur hôtelier, sont sorties de leurs gonds jugeant ces privatisations inéquitables et inopportunes car ne répondant à aucune urgence. En outre, elles mettent en péril des centaines de travailleurs qui vont se retrouver à la rue sans aucune garantie. C'est sans doute pour cette raison et pour couper court à toutes les appréhensions que les troupes de l'Ugta affûtent leurs armes pour la dernière ligne droite qu'il leur reste à amorcer en vue de garder le peu d'acquis dont elles disposent. Elles ont décidé d'inclure dans les discussions qui auront lieu avec les parties concernées le mois de mars prochain, la question épineuse des droits sociaux. D'aucuns pensent qu'à l'ère de la flexibilité de l'emploi et du transfert des activités hors des frontières le risque de perdre son gagne-pain est inéluctable. La menace pèse également sur le système des retraites qui se base sur les cotisations donc sur la solidarité des travailleurs. Ce système selon un modèle privé est remplacé par un régime par capitalisation. Une formule jugée trop sélective engendrant l'exclusion. Aussi, les syndicalistes tenteront de sauver les meubles en négociant au maximum des promesses pour la sauvegarde des postes permanents. Le chargé des relations générales Abdelkader Malki nous a précisé qu'«effectivement ce dossier est primordial et il constituera le fer de lance des discussions qui auront lieu demain et lors de la rencontre avec le patronat et l'Exécutif. La Fonction publique est également un point nodal sur lequel il y a eu divergence avec le gouvernement. Les privatisations et la nouvelle stratégie économique focaliseront les débats». La réponse des troupes de l'Ugta ameutées pour rendre son verdict a fait l'objet d'un rapport qui sera encore enrichi avant d'être soumis au gouvernement. Notre interlocuteur a estimé que «l'année 2005 est celle des réformes et que son organisation ne peut que les soutenir mais qu'elles doivent être porteuses de bienfaits». Il sera question, a ajouté le syndicaliste, de «la préparation de la double date anniversaire du 24 avril qui coïncide avec la nationalisation des hydrocarbures». Une occasion aussi d'évoquer le projet du texte de loi. A l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui, la préparation du 32e congrès de l'Organisation arabe du travail (OAT) qui se tiendra du 12 au 19 février courant à l'hôtel El-Aurassi auquel participeront les patronats, les syndicats et les représentants des gouvernements arabes. Une bataille des plus ardues attend donc le géant syndical qui, faut-il le rappeler, en a perdu beaucoup dans ses récents duels. Un test décisif pour l'organisation de masse qui y a laissé des plumes lors des premières réformes liées aux restructurations des entreprises publiques. Pas moins de 400.000 travailleurs ont grossi les rangs des chômeurs. C'est que la base, qui a dû faire les frais des privatisations tous azimuts est appelée à faire d'autres sacrifices. Chose dont est conscient le staff syndical qui tentera à coup sûr d'apaiser les esprits en négociant une sortie honorable pour les travailleurs lors de la prochaine tripartite prévue pour début mars sauf imprévu. Les 1200 entreprises ont fait l'objet d'avis d'appel d'offres pour lesquelles un cahier des charges a été initié mettant sur un pied d'égalité opérateurs nationaux et étrangers.