Il s'agit d'une première dans ce haut lieu de la lecture, où un nouvel espace culturel vient de voir le jour. Toujours avec son esprit rebelle, l'artiste- peintre, Mimia Lichani, refuse d'être cloîtrée dans le cadre du commun, en revenant avec une nouvelle exposition de 32 toiles, qui se tient depuis samedi dernier et jusqu'au 15 mars, à la bibliothèque du diocèse Dilou (Din wa Loughate, ndlr), située à la rue Boudehane Messaoud, près du boulevard Belouizdad. A travers cette exposition intitulée «Les demoiselles», l'artiste plasticienne propose au public un angle différent pour apprécier la vie. Sur des tableaux d'un figuratif assez atypique, on peut admirer des visages de femmes «insurgées» dans un mélange de couleurs illusionnistes, et surtout impressionnistes. «J'ai choisi d'intituler mon exposition ‘‘les demoiselles'' pour faire sortir les jeunes femmes du lot commun, tout en mettant en exergue leur fraîcheur, leur jeunesse, la beauté de leur âme, leur génie, et surtout leur romance. C'est une manière d'écrire un poème autrement et d'extérioriser une part de sensualité de ces femmes, qui s'adressent au public, en parlant de soi, à travers leurs mimiques, les yeux ouverts éblouis, la tête déclinée, un léger sourire sur le visage et autres. Elles sont le symbole du printemps humain, sous toutes ses formes», nous a déclaré Mimia. Réalisées entre 1996 et 2018, ces toiles, particulièrement les plus récentes, ont été jugées de «spectaculaires» par les visiteurs présents lors du vernissage, tenu dans l'après-midi de samedi. Certains étaient émus devant trois tableaux réalisés dans un style différent, où l'artiste a «construit» des visages de femmes avec des objets basiques, telle la pomme de terre et autres. Car, Mimia Lichani, libre de toutes contraintes, a su subjuguer son public par une nouvelle technique peu utilisée en Algérie, qui est celle du numérique. «Le numérique est une nouvelle technique moins connue ici que j'ai adoptée d'une manière totalement différente. D'habitude, l'artiste photographie un objet et l'améliore ou le modifie par le photoshop. Par contre, moi je prends une photo, je la travaille par le numérique, puis j'ajoute ma touche en peinture, qui est indispensable. C'est ce que nous appelons le Média mixte», a-t-elle expliqué, en ajoutant que toute la richesse de n'importe quel artiste réside dans sa polyvalence. «Par exemple, Pablo Picasso a commencé par le figuratif avant de changer carrément sa technique. Ses variations ont contribué à sa réussite et non pas à sa décadence», a souligné Mimia Lichani. Cette dernière a également avoué que ces tableaux représentent pour elle une sorte d'apaisement après un cri, une douleur ou même une joie. «La peinture est un plaisir pour moi, un soulagement, même si la toile a été réalisée dans un moment tragique», a-t-elle conclu. A noter que cet événement est une première pour la bibliothèque Dilou, dont les responsables ont aménagé une pièce réservée à diverses activités culturelles, dont les expositions et les concerts de musique. Un espace qui demeure ouvert à tous les artistes, quelles que soient leurs tendances.