L'opposition démocratique était en force au congrès du RCD. Ils étaient tous là, ou presque ! La tonalité générale des discours de Mohcine Belabbas, Ali Benflis, Ahmed Benbitour, Sid Ahmed Ghozali, Ali Yahia Abdennour, Karim Tabbou, Karim Younès, Saïd Sadi, est une véritable richesse pour la vie politique du pays, qui nous éloigne, momentanément des pitreries de certains de nos dirigeants. Les travaux du 5e congrès du RCD ont permis de renouer avec la politique, au sens noble du terme. L'heure n'est pas à l'insulte, ni à l'énoncé de simples constats, encore moins à l'exposé de formules à l'emporte-pièces — la situation est grave ; l'économie du pays est à la dérive, le prix du pétrole, qui a supporté l'ensemble des dépenses majeures du pays et constitue 75% du budget de la nation, n'est plus au rendez-vous. Le discours des opposants est sans concession ; sans langue de bois, pour situer l'entière responsabilité des autorités dans la dérive de l'économie : aggravation des déficits des comptes publics, montée inquiétante du chômage des jeunes ; gestion autoritaire de conflit, l'inflation qui s'installe ; poids des lobbies économiques et financiers... L'opposition, longtemps diabolisée par le pouvoir politique, incapable, dit-on, de formuler la moindre proposition économique de sortie de crise, bonne uniquement à revendiquer la destitution de Abdelaziz Bouteflika, pour son «incapacité à gérer le pays» ; a surpris ce vendredi, au congrès du RCD, par sa capacité à formuler des propositions de sorties de crise dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Les différents cercles du pouvoir qui pataugent dans des querelles, sans fin, sur la question du 5e mandat, avec en arrière-fond, une indécente guerre de position entre le FLN et le RND, seraient bien avisés dans l'intérêt bien compris du pays, de tenir compte des voix qui sont exprimés au congrès du RCD avec force certes, mais avec un argumentaire, par moment, très détaillé. L'opposition démocratique ne joue pas avec le feu ; elle est consciente que rien ne peut se faire sans le pouvoir, c'est une forte réalité ! Ce congrès est marqué par le remarquable discours de Saïd Sadi, qui a su éclairer le sens des combats d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi par cette attitude très responsable de l'opposition. C'est une main tendue au pouvoir. Il n'est plus question de demander le départ du Président, de dissoudre les assemblées mal élues ; mais plutôt de trouver un consensus politique global pour faire face aux tempêtes économiques et sociales qui s'annoncent. L'opposition semble avoir tiré les leçons du passé, elle formule à présent des propositions concrètes pour les secteurs de l'économie, des finances, de l'éducation, de l'industrie... Elle veut se débarrassé de cette image qui lui colle à la peau, la présentant comme une force politique qui aspire uniquement à monter à l'assaut du pouvoir, sans programme et sans vision. Mais ce consensus doit être bâti sur un retour aux fondements, qui consiste par l'organisation d' élections libres, crédibles et honnêtes. Face aux incertitudes économiques et sociales, les autorités gagneraient à prendre au sérieux les propositions formulées lors du congrès du RCD. Dans l'intérêt du pays.