Pour le PT, il faut une issue positive à la crise grave qui risque d'emporter le pays et aussi pour jeter les bases d'un véritable renouveau politique. Le Parti des travailleurs, dirigé par Louisa Hanoune, lance une initiative politique sous forme de pétition. Le PT revendique, entre autres, la convocation des élections pour une assemblée nationale constituante, et ce, «pour arrêter le rouleau compresseur qui met en péril la base matérielle de l'Etat». Le contenu de cette initiative de sortie de crise, qui s'appuie sur les actions du président de la République, a été révélé hier, par la secrétaire générale du parti, à l'ouverture des travaux du bureau politique réuni en session ordinaire. Cette pétition dans laquelle le parti a formulé toutes les préoccupations de l'heure, que ce soit sur le plan économique, social ou politique, sera soumise à la signature des citoyens avant de l'adresser au premier magistrat du pays. «Nous nous adressons au président Bouteflika, parce que nous sommes saisis d'angoisse au regard de ce qui se passe en Algérie en matière de hogra, de précarité sociale qui ne cesse de s'aggraver depuis 2015, induite par la politique d'austérité de plus en plus cruelle, et auxquelles s'ajoute une confusion politique qui va en s'accentuant, rendant la situation illisible», explique Mme Hanoune, qui est longuement revenue sur la grave crise sociale et économique dans laquelle se débat notre pays et qui n'est pas, de son avis, le produit de la chute du prix du baril du pétrole, qui n'a fait que lever le voile sur une réalité hideuse : des responsables dans les institutions de la République, profitant de l'absence de contrôle effectif, ont violé les lois, au profit d'une minorité prédatrice. Dans cette initiative, le Parti des travailleurs demande au président de la République la convocation des élections pour une assemblée nationale constituante. «Nous avons décidé de nous adresser à vous, car une année nous sépare de la prochaine présidentielle dans un contexte régional et mondial lourd de dangers pour les nations notamment dans notre région», affirme le PT dans la pétition lue par Louisa Hanoune. L'année 2018, ajoute-t-elle, est une année charnière, qui s'annonce tumultueuse dans notre pays. «Nous ne voulons pas que notre pays sombre dans l'anarchie. Nous refusons toute interférence étrangère dans les affaires de notre pays, et de ce fait nous demandons au Président d'intervenir en toute urgence pour empêcher le chaos», note Mme Hanoune, rappelant les dernières décisions historiques prises par le chef de L'Etat, notamment l'officialisation de tamazight. Pourquoi des élections pour une assemblée constituante ? Pour le PT, il faut une issue positive à la crise grave qui risque d'emporter le pays et aussi pour jeter les bases d'un véritable renouveau politique institutionnel à même de sauver l'Etat algérien et d'immuniser notre pays. Cette assemblée, selon Louisa Hanoune, devrait être dotée des pouvoirs nécessaires pour «organiser le sauvetage du pays». Mais dans l'immédiat, l'assemblée aura plusieurs missions. Il s'agit notamment de «sortir le pays de la récession par l'arrêt de la politique d'austérité qui écrase la majorité du peuple», de «décréter l'échelle mobile des salaires et pensions pour les indexer sur le coût de la vie» et de «sauver la jeunesse poussée par le désespoir vers la tragédie de la harga et la décomposition sociale, par la prise en charge de ses aspirations légitimes». Il est question aussi de sauver les hôpitaux et les universités de la ruine, du retrait des projets de loi scélérats et régressifs portant code de la santé et du travail, et enfin l'assainissement du secteur économique mafiotisé en imposant un contrôle rigoureux sur sa gestion… Le parti de Mme Hanoune revendique la parole au peuple pour qu'il définisse lui-même la forme et le contenu des institutions dont il a besoin pour exercer sa pleine souveraineté, des institutions réellement crédibles. Sur le front social, la patronne du PT déplore la violation des droits démocratiques, notamment le droit de grève qui est systématiquement criminalisé par la judiciarisation des conflits sociaux. «Ces pratiques oppressives poussent à la confrontation», avertit Louisa Hanoune.