Kamel Aziz sera en concert demain, à 18h, à la salle Atlas de Bab El Oued, à Alger. Cela fait bien longtemps que cette salle n'a pas abrité de soirée chaâbie. L'Office national de la culture et de l'information (ONCI), qui organise le spectacle, parle de «récital exceptionnel» de Kamel Aziz qui se produit rarement en public, sauf dans les fêtes de mariage ou dans les kaâdate populaires du Ramadhan. Demain, il succédera sur scène à Fayçal Hedroug, 54 ans, autre valeur sûre du chaâbi. Comme le jeune Mohamed Kamel Bouras, interviewé par El Watan Week-end dans une précédente édition, Kamel Aziz a été formé à la bonne école, l'andalou. «J'ai appris pendant quatorze ans au sein de l'ensemble El Founoun El Djamila à Alger. Je n'ai pas cessé d'écouter les enregistrements des machayikh, comme El Anka et Zahi. Petit à petit, j'ai commencé à interpréter le chaâbi et je continue d'apprendre», nous a confié Kamel Aziz, en marge d'un précédent concert à Alger. Au sein d'El Founoun El Djamila, il a commencé par maîtriser la guitare. «Aujourd'hui, je joue de presque tous les instruments, mais je préfère le mandole. A mon avis, pour toucher à tous les styles musicaux algériens, il est nécessaire de passer par l'école andalouse. C'est la base. C'est là où on apprend à chanter, à maîtriser la voix, à mieux connaître le rythme et l'harmonie, etc. Après, on peut faire beaucoup de choses», a-t-il souligné. «J'ai appris la simplicité de Zahi» Amar Zahi inspire Kamel Aziz. «Mon cheikh à moi, c'est bien Zahi. Il est tout pour moi dans le domaine du chaâbi. Il était pour nous un père, un frère, un voisin, un exemple. J'ai eu la chance de le rencontrer et de discuter avec lui. J'ai appris la simplicité de Zahi», a confié le chanteur. Et que représente le chaâbi pour Kamel Aziz ? «Le chaâbi c'est mon identité. Le chaâbi se porte bien mais pas comme dans les années 1970, à l'époque des chioukh. Là, cette musique reprend. La relève existe et les élèves sont là pour assurer la continuité et la préservation de cet héritage. Le public et doua'kine sont également là», a-t-il répondu d›une manière spontanée. Kamel Aziz n›est pas contre le néo-chaâbi (tendance apparue au début des années 1990). «Mais, je dois dire que je suis un conservateur en matière de chaâbi. Je veux interpréter le chaâbi authentique en apportant ma touche. Je ne peux pas être mieux qu'El Anka, le maître. S'il pouvait ajouter d'autres instruments à l'orchestre chaâbi, il l'aurait fait. Je ne pense pas pouvoir introduire de nouveaux instruments dans mon orchestre. Nous marchons sur les pas d'El Anka», a-t-il dit. Kamel Aziz reprend souvent les célèbres qcid du chaâbi et cherche à interpréter les qcid non ou peu chantés. Des textes laissés de côté par les maîtres du chaâbi pour une raison ou une autre. «Vous savez que par le passé, la technologie n'existait pas. Les gens parcouraient de longues distances pour avoir des textes et des paroles. C'était un grand effort. Aujourd'hui, grâce à internet, on peut trouver beaucoup de choses, on peut rectifier des paroles, en récupérer d›autres et découvrir d'autres encore», a-t-il souligné. Le chaâbi se digitalise d'une certaine manière donc ! Kamel Aziz est convaincu qu'il n'existe pas de secret ou recette magique pour réussir dans le domaine de la musique et de l'art en général : «Il suffit de travailler. Il faut être sérieux et méticuleux et avoir le souci de la perfection. Il est nécessaire aussi d'avoir sa propre voix, sinon on passe inaperçu.»