Amar Zahi, qui garde un lourd silence et qui reste éloigné des lumières, inspire toujours les jeunes chanteurs de chaâbi. Lundi soir, à l'Agora de Riad El Feth, à Alger, les candidats en course pour le grand prix du 10e Festival national de la chanson chaâbie se sont relayés devant le jury présidé par Abderrahmane Lounes Aïssaoui. Chemseddine Maâtallah de Khemis Miliana, fils d'un artiste peintre, a été le premier à monter sur scène pour interpréter le qcid Welfi ya taj al bahyine de Bensahla, suivi du mkhiles Ma naabani kafou el yamini. «Je suis un grand fan de Amar Zahi. J'aime autant sa voix que sa façon d'interpréter le chaâbi et sa modestie. Un véritable cheikh ! Je veux marcher sur ses pas, faire la même carrière que lui. J'ai appris la musique en m'inscrivant à l'association El Fen El Asil de Khemis Miliana. Là, je joue du chaâbi et de l'andalou. L'andalou est une base pour moi, ça m'ouvre les grandes portes du chaâbi», a souligné Chemseddine Maâtallah qui joue du oud, de la guitare et la mandole. Hamdi Amirat de Annaba est, lui, très attaché à l'école ankaouie. Il a repris la première partie du Qcid El khezna seghira, avant d'enchaîner avec Ochki ou ghrami. «El Anka, El Koubi et Bourdib sont pour moi de grands maîtres. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas les autres styles d'interprétation du chaâbi. Je suis venu d'une manière presque naturelle vers le chaâbi. J'ai appris tout seul en écoutant les chansons. Depuis mon jeune âge, j'assistais aux soirées et aux fêtes de mariage. Je voulais apprendre. Et, il faut dire que Annaba est la deuxième ville du chaâbi en Algérie après Alger. L'orchestre du festival compte deux musiciens de Annaba», a relevé Hamdi Amirat. Mohamed Lotfi Brahmi d'Alger, qui participe au festival pour la première fois, a interprété Ya kahl zine ou chfar de Mohamed Benmsayeb. «Ce qui est bien dans ce festival, c'est la rencontre des jeunes chanteurs de plusieurs régions du pays. Moi, je suis venu au chaâbi grâce à un environnement familial et amical. J'ai appris la maîtrise des instruments en suivant les cours de l'Association andalouse Essoundoussia, puis de Mezghena de cheikh Belkhodja qui est d'ailleurs sur scène avec l'orchestre du festival. J'ai travaillé aussi avec l'association des Beaux-arts. Ces associations sont de bonnes écoles pour moi», a estimé Mohamed Lotfi Brahmi disant être un grand fan d'El Anka, Zahi, Guerrouabi et Abdelkrim Teldja. Fatah Kachmi de Béjaïa, un fervent défenseur du chaâbi authentique, a clôturé le tour de chant des candidats avec un qcid de Sidi Lakhdar Benkhelouf, Dhikr rassoul fih raha. «J'ai appris le chaâbi ici à Alger avec mon oncle et mon père avant de continuer à Béjaïa. Mon père m'a appris la maîtrise de l'instrument. Je joue de la mandole depuis le début. Comme Alger, Béjaïa est une terre de chaabi et d'andalou. Elle a son patrimoine avec des maîtres tels que Cheikh Saddek Bejaoui qui a laissé la relève», a souligné Fatah Kachmi. Benyoucef Kihel et Mohamed Rebah, invités d'honneur du festival, ont assuré la deuxième partie de la soirée. Mohamed Rebah a interprété un petit mechmoum chaâbi avec au début le qcid Ana oua el mersam. Il s'est dit satisfait par le niveau des candidats du festival. «De nos jours, tous les moyens existent pour apprendre le chaâbi. Il faut suivre ces jeunes chanteurs, leur donner la chance de se faire connaître. Je vous avoue que nous ne voulons plus voir les mêmes têtes à l'écran ou sur scène. Pour moi, la relève existe dans le chaâbi. Nous avons vu ici au festival des jeunes de 18 ou de 19 ans chanter le chaâbi. Donc, pas de soucis à se faire de ce côté-ci», a estimé Mohamed Rebah.