Les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang se sont terminés cette semaine sur une légère note d'optimisme. Le relief majeur de ces joutes tient moins aux exploits sportifs des compétiteurs (du reste peu suivis par les téléspectateurs algériens) qu'à un fait quasi inattendu qui a conforté l'idéal olympique dans ce qu'il a de plus noble. Une délégation de la Corée du Nord voisine a été invitée et était présente à Pyeongchang qui a vu, lors de la parade de la cérémonie d'ouverture, un défilé commun des deux frères ennemis sous un même emblème. Une équipe sportive unifiée a également participé aux épreuves de hockey sur glace. Le président nord-coréen y a délégué sa sœur pour le représenter et qui était assise, dans la tribune officielle, non loin d'Ivanka Trump, la fille du président des Etats-Unis. La tension sur la péninsule coréenne très sensible depuis 1953 (les deux entités sont pratiquement en situation de guerre froide) a nourri les inquiétudes de voir ces «jeux de la paix» flétrir l'espoir de renouer avec la trêve olympique en cas de faits contraires dommageables pour l'excellente initiative prise par les pouvoirs des deux pays. La seule nouvelle qui est venue perturber le tableau idyllique de la station d'Alpensia est cette décision, en pleine «lune de miel», de renforcer les sanctions contre la Corée du Nord. Une annonce rendue publique à un moment inconvenant, selon les observateurs, par Donald Trump. Ce n'est pas la première fois que le sport, vecteur de la mondialisation avant l'heure, intervient indirectement dans le champ politique. Le pouvoir de la diplomatie sportive a fait quelquefois ses preuves. On se souvient que le dégel sino-américain avait commencé en 1971 par la tournée d'une équipe de tennis de table américaine en Chine accompagnée de plusieurs journalistes influents de la presse états-unienne à l'invitation de son homologue chinoise. Cette initiative était née de l'amitié qu'avaient liée et entretenue un athlète chinois et un athlète américain lors des Championnats du monde disputés peu auparavant au Japon. Avant cette date, seuls onze ressortissants américains avaient séjourné au pays de l'Empire du Milieu. Il s'agissait de membres des Black Panthers, une organisation révolutionnaire afro-américaine se revendiquant, entre autres, du… maoïsme. La «diplomatie du ping-pong», comme l'avait surnommée la presse internationale, allait faciliter, une année après (1972), la visite historique du président Richard Nixon à l'invitation de Mao Tsé Toung. Un événement unique dans les annales depuis la fermeture hermétique des frontières chinoises en 1949. Passé ce moment historique, le mouvement olympique allait, peu après, être considérablement écorché lors des JO de Moscou (1980). Les Etats-Unis ont suscité le boycott d'une cinquantaine de pays à cause de l'envahissement en 1979 de l'Afghanistan par l'armée soviétique. L'URSS allait prendre sa revanche quatre ans plus tard en encourageant une quinzaine de pays du bloc soviétique à ne pas participer aux Jeux olympiques de Los Angeles (1984). Jamais le sport et les Jeux olympiques n'avaient été autant ébranlés après cette immixtion inattendue de la politique internationale issue des tensions Est-Ouest. C'est en cela que les JO de Pyeongchang sont venus rétablir le temps d'une trêve olympique (comme de coutume dans la Grèce antique où les armes étaient momentanément rangées) l'aspiration de deux peuples, qui en réalité n'en font qu'un, à connaître des lendemains enchanteurs, c'est-à-dire éloignés des relents de la guerre et de la menace nucléaire. Un rêve qui sera sans doute vite rattrapé par les réalités antagoniques et les intérêts géostratégiques des superpuissances.