Parfois, il ne faut pas se fier aux dénominations, elles sont trompeuses. C'est le cas de la ville d'Aïn Beida, car elle ne reflète pas son nom de fontaine blanche qu'on lui a attribué voilà deux ou trois siècles. Les sources qui avaient permis aux premiers habitants de s'y installer et d'y élire domicile sont maintenant bien taries. Convenons que depuis des lustres, la population souffre du manque d'eau. Et aujourd'hui plus que jamais. Disons-le sans ambages : la population s'est multipliée depuis les années 1970 du siècle dernier, ce qui accroît les besoins en eau. Que faire pour répondre à l'importante demande ? Des solutions ont été apportées, mais vite dépassées. Les nombreux forages qui alimentaient la ville ne suffisent plus. Il a fallu recourir aux eaux du barrage d'Aïn Dalia dans la wilaya de Souk Ahras. Au départ, l'alimentation se faisait tous les deux jours, puis tous les trois jours. Or cette année, avec la sécheresse qui s'est abattue sur la région, le barrage est à son plus bas niveau. Le rationnement ne se fait plus que tous les dix jours, voire quinze pour certains quartiers de la ville. Cela se ressent au niveau des ménages qui ne savent plus quoi faire. Exprimer leur désappointement aux responsables de l'ADE? Se résigner ou acheter l'eau proposée par les colporteurs ? C'est cette dernière solution que choisissent les familles pour s'assurer un approvisionnement régulier. Mais cela revient trop cher si le manège se répète trois à quatre fois par mois. La citerne de 3000 litres ne coûte pas moins de 1000 D.A. Il ne reste plus qu'à attendre l'achèvement des travaux ramenant l'eau du barrage d'Ourkis de la commune d'Aïn Fakroun pour dire adieu à la crise. Selon toute probabilité, les lâchers d'eau à partir de ce barrage s'effectueront début juin. En attendant, la population continuera à s'approvisionner auprès des colporteurs d'eau, tant pour l'eau domestique que pour l'eau potable, car personne maintenant ne consomme l'eau du robinet, préférant acheter l'eau de source proposée par des propriétaires de camionnettes chargées de citernes en plastique et emplies d'eau. Un bidon de 20 litres est cédé à 70 DA.