Le Premier ministre avec Gérard Collomb «Je crois qu'une alliance profonde entre nos deux pays pourrait changer la phase du monde dans cette région», a indiqué le ministre français de l'Intérieur. La rencontre walis-préfets a permis au ministre de l'Intérieur français de faire étalage de ses bonnes intentions. De regarder vers l'avenir. Il est même convaincu que l'Algérie et la France peuvent jouer un rôle majeur dans la construction de la paix autour du Bassin méditerranéen qui pourra assurer la prospérité à ses peuples. «Nous devons continuer ensemble à écrire les nouvelles pages d'un livre, lequel permettrait aux deux pays de continuer à aller de l'avant, de porter un message de paix, de fraternité, de solidarité et de développement à l'ensemble des pays des deux côtés de la Méditerranée. C'est le sens de ma visite (en Algérie) et de notre amitié», a déclaré Gérard Collomb, jeudi à Alger dans son allocution prononcée à l'occasion de la tenue de la rencontre walis-préfets qu'il a coprésidée avec son homologue algérien Nouredine Bedoui. «Les deux pays peuvent devenir des acteurs qui aideront à recréer une zone de paix, de prospérité, de développement autour du Bassin méditerranée. Je crois qu'une alliance profonde entre nos deux pays pourrait changer la phase du monde dans cette région», a-t-il souligné. Un projet «romantique»? Peut-on y parvenir sans avoir instauré des relations apaisées? L'Algérie et la France ont un passé commun qui repose sur plus de 130 années de colonisation féroce marquée par des violences, des massacres, des expropriations en série et par une guerre de libération tout aussi meurtrière (novembre 1954-juillet 1962) qui a conduit le peuple algérien à son indépendance. Un passé douloureux qui ressurgit de manière récurrente. Un passé qui hante les mémoires des Algériens. Une torture quasi permanente à l'image de celle pratiquée par l'ex-armée coloniale. Des blessures qui ne se sont jamais cicatrisées. Un passé que la France officielle refuse de solder. Pas question de repentance. Les nostalgiques de l'Algérie française continuent d'entretenir le mythe d'une mission «civilisatrice» de la France! «La France n'a pas encore expurgé son passé colonial, sa nostalgie coloniale. En France, on n'a pas cessé de répéter depuis l'indépendance de l'Algérie un certain nombre de mythes», a souligné l'historien anticolonial, Gilles Manceron, lors d'un débat organisé mercredi soir au Centre culturel algérien de Paris autour du livre de Mohand-Tahar Zeggagh «Vérités sur les crimes de l'OAS en Algérie», la veille du discours tenu par Gérard Collomb. Certains propos tenus par le ministre français de l'Intérieur tendent à laisser penser que des stéréotypes que traîne l'Algérien, qualifié d'émigré économique, sont entretenus au plus haut sommet de l'Etat français. «Il y a beaucoup de visas qui sont donnés» par la France en Algérie, «comment se fait-il qu'il y ait des gens qui demandent l'asile? Il n'y a pas besoin de demander l'asile en France. C'est des sujets qu'il faut que nous traitions ensemble», a fait remarquer le premier policier de France. Que voulait-il insinuer? Le patron de la place Beauvau n'en dira pas plus. La remarque ne pouvait cependant être gratuite. Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme qui s'est appuyée sur des informations livrées par des avocats français, Paris s'apprête à expulser près de 30.000 Algériens établis illégalement en France. «Nous avons appris de quelques avocats français que Paris tend à expulser 30.000 migrants clandestins algériens», avait indiqué la Laddh dans un communiqué. «Chaque année, les pays européens expulsent plus de 5000 Algériens», indique la même source qui a mis en exergue «la politique européenne pour ses mesures strictes à l'égard des émigrés». Plus de 10.000 ressortissants algériens dont 483 mineurs, ont été sommés de quitter le sol français. Des chiffres qui montrent que la vie en rose entre Paris et Alger n'est pas pour demain.