Il était prévisible que la réponse du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, concernant la grève des étudiants de l'ENS, n'allait pas aplanir le conflit. Tahar Hadjar, qui s'est exprimé en marge de la conférence des universités, a averti les étudiants grévistes qu'«il n'y aura pas d'année blanche et que ceux qui boycottent les cours devront prendre leurs responsabilités». Face à cette impassibilité, les Normaliens de Constantine répliquent par l'entame d'une grève de la faim, d'autant que leur mouvement vient de bénéficier d'un soutien de taille, celui du corps enseignant. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, des enseignants de l'ENS Assia Djebar dénoncent l'absence de solution à un mouvement de grève qui dure depuis novembre 2017. Les signataires qui ont tenu un sit-in dans le hall de l'Ecole, hier à 10h, ont remis une copie de leur déclaration au directeur de l'établissement, dans laquelle ils iront jusqu'à interpeller le président de la République pour trouver une issue à ce statu quo. «Nous en appelons aux deux ministres — Enseignement supérieur et Education nationale — d'endosser leur responsabilité dans cette situation de blocage», est-il mentionné dans le communiqué qui présente cette intervention telle une initiative pour désamorcer la crise. «Nous sommes disponibles à apporter notre contribution afin de sauver l'année universitaire», est-il encore assené. A l'endroit des étudiants grévistes, les enseignants, qui au passage regrettent toute forme de dérapage, recommandent «la sécurisation du mouvement protestataire et son encadrement, ainsi que la préservation de son aspect pacifique». Les Normaliens à Constantine, en grève depuis quatre mois, ont de tout temps affiché leur détermination à aller au bout de ce débrayage. Chaque semaine, ils se rassemblent au centre-ville et provoquent une paralysie de la circulation, une démonstration de force, comme moyen pour se faire entendre. «Toutes les actions que nous avons entreprises depuis des mois n'ont pas abouti. Aucun des deux ministres de tutelle n'a apporté des réponses à la mesure de nos revendications», dira dépitée une étudiante en 2e année d'anglais. Et une autre de ses camarades de promotion de rebondir : «A chaque action ou marche, nous nous retrouvons face à un dispositif sécuritaire impressionnant. Il nous est arrivé plusieurs fois d'être bousculés, molestés et mêmes certains d'entre nous ont été interpellés. Tout cela parce que nous tenons à nos droits.» La semaine dernière, les grévistes ont investi le terminus du tramway dans la banlieue de Zouaghi, perturbant le trafic des rames toute une matinée. Sur le chemin du retour vers le site de l'ENS, ils ont eu maille à partir avec les services de l'ordre et une vingtaine d'entre eux ont été interpellés avant d'être relâchés en fin de matinée. Les récentes déclarations de Tahar Hadjar n'ont non seulement pas convaincu, mais ont fait monter d'un cran la protesta, à telle enseigne que la grève de la faim est devenue l'ultime alternative pour les étudiants. Les grévistes revendiquent le respect du contrat d'engagement des diplômés dans son article 4, qui stipule leur recrutement dans les wilayas de leur résidence, dès la fin de leur cursus, ainsi que l'ouverture de la formation en master et doctorat.