Inflexibles, les étudiants de l'ENS de l'université 3 Assia-Djebar de Constantine entament, aujourd'hui, une grève de la faim pour dénoncer l'immobilisme des deux tutelles interpellées par leur mouvement de protestation entamé au mois de novembre 2017. Un mot d'ordre qui devait avoir un caractère plus large, englobant une dizaines d'écoles réparties à travers tout le pays, après la marche nationale prévue à Constantine mais dont la date n'a pas encore été fixée par la coordination des normaliens. Aussi, les étudiants de l'ENS de Constantine anticipent et font cavaliers seuls, dès aujourd'hui, mais pourront, toutefois, compter sur la solidarité de leurs camarades des écoles relevant des autres universités du pays. Un mouvement qui pourra faire des émules dans d'autres régions, tant il est vrai que les normaliens de Constantine ont donné l'exemple en matière de ténacité, puisqu'ils organisent, depuis janvier dernier, des manifestations de protestation cycliques dont plusieurs marches et rassemblements qu'ils ont, à chaque fois, réussis. Leur dernier mouvement, en revanche, a failli tourner au drame puisque leur marche entamée depuis la station de tramway sise à la cité Zouaghi-Slimane jusqu'à l'université Assia-Djebar, a été violemment réprimée par les brigades antiémeutes de la Gendarmerie nationale, présentes en force près de l'entrée du campus. En effet, mardi dernier, les gendarmes qui ont usé de bombes lacrymogènes et de matraques, ont provoqué blessures et traumatismes à plusieurs étudiants dont certains n'ont dû leur salut qu'aux automobilistes de passage qui ont aidé les éléments de la Protection civile à évacuer des blessés vers les différents établissements hospitaliers. Des interpellations d'étudiants ont également été opérées lors des heurts. Par ailleurs et en guise de solidarité, les normaliens de Constantine seront, en quelque sorte, épaulés dans leur grève de la faim qu'ils entameront aujourd'hui, par la mobilisation de leurs enseignants qui prévoient de se rassembler dès 10h dans le hall de l'université 3 à l'effet de remettre un communiqué au directeur de l'école. Communiqué dont nous détenons une copie et qui relate la situation de blocage qui prévaut dans les ENS depuis novembre 2017. Aussi exhortent-ils dans leur missive, les plus hautes instances du pays et à leur tête le président de la République, d'intervenir urgemment pour mettre un terme à cette situation. Ils y dénoncent également tous les dérapages enregistrés et appellent à la sécurisation et à l'encadrement du mouvement de protestation des étudiants conformément aux lois de la République invitant les étudiants à se maintenir, de leur côté, au caractère pacifique de leur mouvement. Les enseignants de l'ENS de Constantine ne manquent pas non plus d'inviter le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que celui de l'Education nationale à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de cette situation en engageant un dialogue sérieux avec les représentants des étudiants. Les mêmes doléances sont présentées aux forces politiques du pays, au Parlement et au Sénat afin d'émettre des initiatives à même de trouver des solutions à ce conflit. Kamel Ghimouze