C'est le statu quo à l'Institut de nutrition, alimentation et technologie agroalimentaire (INATAA) de l'université de Constantine. Cet institut qui a défrayé les chroniques locale et nationale le 5 mai dernier, où plusieurs étudiants grévistes ont été violentés par des agents d'une société privée de gardiennages accompagnés de chiens, fait face à une année universitaire des plus incertaines. En grève depuis janvier 2015 à l'effet d'arracher une reconnaissance de leur diplôme d'ingénieur par la Fonction publique, les étudiants de l'Inataa entameront l'année universitaire 2015-2016 sous les mêmesauspices. L'année dernière s'est clôturée, pour les 900 étudiants, dans un flou total. L'administration, devant l'attitude inflexible des grévistes, a tenté de désamorcer la situation autrement afin d'éloigner le spectre de l'année blanche «en instaurant une classe parallèle sur le campus Mentouri, c'est-à-dire en dehors de l'institut, mais cela a été peine perdue», soutiendront des étudiants grévistes.Même la tutelle ne semble pas pressée de trancher sur cette question. Le ministre de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, questionné par écrit par le député Lakhdar Benkhellaf du parti FJD, n'a pas fourni les réponses espérées. Hadjar est revenu sur les violences qui ont émaillé cette journée du 5 mai. Des incidents sans précédent qui se sont soldés par pas moins de dix-sept blessés parmi les étudiants. L'intervention des agents de sécurité, affiliés à une société privée de gardiennage, pour briser le mouvement de grève était une violation flagrante de la franchise de l'université. Il en ressort de la réponse du ministre, selon un quotidien arabophone, que «les investigations sont toujours en cours par le gendarmerie de Constantine et que les parties impliquées seront à l'issue sanctionnées». En fait, rien de nouveau. Aucune proposition ne vient augurer d'un épilogue. Le point d'achoppement qui alimente cette grève déclenchée il y a huit mois, qui est la reconnaissance par la Fonction publique du diplôme d'ingénieur délivrée par l'institut, a été survolé par le ministre de tutelle qui affirmera qu'«en dépit de tentatives multiples initiées par l'université pour dénouer la crise et les assurances de la tutelle pour régler progressivement ceproblème, aucune volonté de levée le blocage n'a été manifestée». Au lendemain de son installation à la tête du département de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar a été interpellé par les étudiants de l'Inataa. C'était le 19 mai dernier, lors de la célébration de la Journée de l'étudiant aux fins «d'apporter toute la lumière sur les récents et graves incidents, déterminer les responsabilités et appliquer des sanctions». Un appel à une «sortie de crise» dont la réunion tenue à cet effet le 13 mai dernier n'est pas parvenue à concrétiser. Cette réunion qui a regroupé des émissaires ministériels, des représentants de l'université 1 et des délégués des étudiants a échoué, au bout de cinq heures de discussions, à décanter la situation. Certes, des propositions ont été formulées, mais elles n'auraient pas suscité la motivation des grévistes à reprendre le chemin des amphis. «La commission veut rendre la levée des sanctions d'exclusion prises à l'encontre des grévistes tributaires de la reprise des cours». Un marchandage que les concernés ont jusque-là rejeté. «Nous campons sur notre position. Seule l'intégration de notre diplôme dans la grille de la Fonction publique nous incitera à stopper le mouvement degrève», ont-ils soutenu. A rappeler que 43 étudiants grévistes sont passés devant le conseil de discipline et dont les sanctions allaient d'un à deux ans d'exclusion.