Les étudiants de l'Ecole nationale supérieure de biotechnologie, implantée sur le site du pôle universitaire de la nouvelle ville Ali Mendjeli, entament leur deuxième mois de grève. Ce mouvement de protestation, qui a été déclenché le 2 janvier dernier, intervient telle une réponse au flou qui entoure leur diplôme. Selon une lettre adressée au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dont nous détenons une copie, les signataires égrènent une série de griefs et de dysfonctionnements qui jalonnent leur cursus universitaire. Il est question de doléances pédagogiques concernant le statut de leur diplôme. «L'absence d'une assurance officielle, décision ministérielle ou décret stipulant l'obtention du diplôme d'ingénieur d'Etat en fin de formation à l'instar des autres écoles, est plus que préoccupante dans la mesure où l'école comptabilise 4 années d'existence.» Le diplôme de master est lui aussi sujet à critique. «Le diplôme de master qui devrait solder la fin de notre formation reste à nos jours une simple promesse, alors que nous avons entamé notre troisième année et comptabilisé un semestre», dixit le communiqué. Pour rappel, l'Ecole nationale supérieure biotechnologie de Constantine est l'unique sur l'ensemble du territoire national et en Afrique. Elle a été ouverte en 2014 et comptabilise actuellement 600 étudiants, répartis en trois promotions. La moyenne requise pour ses inscriptions dépasse les 14/20. Pour ces étudiants en troisième année, qui ont pris attache avec notre rédaction, leur protesta n'est pas une lubie ou action irréfléchie. «Après deux ans de classe prépa, nous nous retrouvons face à un avenir incertain. La revendication du double diplôme, ingéniorat et master est la condition sine qua non pour la reprise des cours. Auquel cas, c'est la poursuite de la grève», ont-ils soutenu. DIPLÔME ET AUTRES REVENDICATIONS Contactée par nos soins, la direction de l'Ecole a répondu point par point aux revendications brandies : «Le statut et la nature des diplômes délivrés par l'ENSB sont forcément de la même nature et du même niveau que ceux délivrés par toutes les écoles d'ingénieurs du pays (toutes de même statut), dont l'Ecole polytechnique de Constantine, qui est mitoyenne et toutes les autres. D'ailleurs, cette revendication, ils sont les seuls à la faire. L'intégration de leur diplôme à la nomenclature nationale est en cours, au même titre que pour toutes les écoles d'ingénieurs qui sont dans le même cas : une dizaine d'autres écoles sont concernées par cet aspect, mais aucune n'est en grève. Sachant que ce processus est long, car il implique en particulier la Fonction publique et le ministère des Finances et que, surtout, les premiers diplômés sont prévus pour juin 2019. Aucune école n'est en grève pour cela.» La qualité de la formation n'est pas en reste. Elle est pointée du doigt par les concernés : «La présence de plates-formes technologiques nécessaires à une formation de qualité est de moins en moins concrète, vu les restrictions budgétaires sans cesse annoncées par l'administration de notre établissement.» Il est évident qu'à travers les revendications de cette communauté universitaire, il existe un malaise au sein de cette école. La crainte émise quant à leur avenir est mise en avant : «L'absence d'une ligne directrice du cursus suivi en considérant les plannings établis par le ministère dans ses bulletins précédents pour d'autres écoles nationales est plus que préoccupante dans le cas où nos programmes sont censés être inspirés des plus grandes écoles internationales dans le domaine.»Et à la direction de rebondir : «Conformément au projet pédagogique de l'école, des masters seront ouverts en septembre et le seront sur sa base. Soit exactement dans les spécialités annoncées depuis toujours à l'école et tous les étudiants y seront intégrés. Ces masters, comme tous les masters du pays, doivent être examinés et agréés par les instances d'expertise du MESRS. L'école ne peut les rendre publics alors qu'ils ne sont pas encore agréés. Ce processus normal est appliqué depuis toujours selon un échéancier qui lui est propre et cette procédure s'applique sans aucun problème à tous les masters du pays. Aucune école n'est en grève pour cela. Les étudiants, qui ne semblent pas convaincus par l'argumentaire de la direction, campent sur leur position. Ils interpellent la tutelle à l'effet d'«intégrer l'Ecole nationale supérieure de biotechnologie dans la liste figurant dans l'art .2 du 3 novembre 2011 parue dans le bulletin officiel du ministère de l'Enseignement supérieur du quatrième trimestre 2011 en page 93». La saisie du dossier des étudiants en pharmacie et chirurgie dentaire par le premier ministre a peut-être donné espoir à tous les étudiants grévistes dans l'ensemble des universités algériennes et ils sont très nombreux. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en dépit des déclarations de son premier responsable, Tahar Hadjar, semble avoir échoué à atténuer les inquiétudes de la communauté estudiantine, faute d'apporter des solutions à ses multiples revendications dont certaines de l'avis de tous sont à la limite du raisonnable. Le seul espoir demeure, donc Abdelmalek Sellal.