La touiza, cette pratique ancestrale qui consiste à apporter aide et assistance aux proches, aux voisins, et dans certains cas à tous les habitants du village qui sont, soit dans un besoin urgent de solidarité, soit manquant cruellement de moyens pour entreprendre la construction du logement familial, n'est plus de mise par les temps que voici. Qu'est-ce qui a changé dans nos comportements pour qu'un tel réflexe soit remis au placard de l'oubli, alors que par le passé, les habitants d'un même village se tendaient la main pour aider leurs prochains, sans rien demander en retour ? Ne désespérons pas, car dans certaines contrées du pays, la pratique de la touiza est toujours en vigueur, comme elle se perpétue dans les régions kabyles avec la même ferveur lors des fêtes religieuses ou le sacrifice d'un bovin, occasion durant laquelle chaque famille reçoit sa part de viande sans bourse délier. Dans un passé récent, quand un habitant commence la construction de son logis, tous les voisins et les proches mettent la main à la pâte. Cela se passait et se passe sans doute encore dans la commune de Ben Ziad (ex-Roufak]) dans la wilaya de Mila. Dans le pays chaoui, la touiza se manifeste quand quelqu'un décède ou se prépare à convoler en justes noces. Les proches, les amis, les voisins organisent une quête pour aider les nouveaux mariés. Aujourd'hui, on perpétue certaines traditions (aides pécuniaires par exemple) quand un membre de la famille commet un meurtre. La famille rassemble l'argent de la «diya» comme recommandé par les textes du Saint Coran. Il n'en demeure pas moins qu'avec l'éclatement des familles, leur éloignement les unes des autres et vivant dans des villes différentes ont fait voler en éclats la notion de solidarité et de touiza. Nous n'en sommes pas encore à parler de familles nucléaires, mais nous agissons comme si c'était le cas, puisque nous avons perdu certains liens familiaux, comme l'appartenance à telle ou telle tribu. Chacun ne comptant plus que sur lui-même pour faire face aux problèmes de la vie…