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«W» ou le moine bouddhiste de la terreur
Festival de Annaba du Film Méditerranéen
Publié dans El Watan le 27 - 03 - 2018

Le massacre des Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie, est toujours couvert d'un lourd silence médiatique international actuellement.
Le cinéaste suisse, Barbet Shroeder, dévoile dans son nouveau documentaire, Le vénérable W, projeté samedi 24 mars au soir, au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi, à l'occasion du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen, relate le discours haineux de certains moines bouddhistes qui ont nourri les violences contre les musulmans.
Entré clandestinement en Birmanie, Barbet Shroeder a suivi Ashin Wirathu (ou W), un moine raciste, adepte de la «pureté» de la race et de la religion. Il compare les musulmans au poisson-chat d'Afrique «qui se reproduit rapidement et qui détruit son environnement». De sermon en sermon, il sert un discours débordant de haine contre les musulmans, «venus en Birmanie prendre les richesses et épouser les femmes».
Il pousse ses adeptes à haïr les musulmans, à boycotter leurs commerces et à les chasser des terres. Il dirige le mouvement nationaliste islamophobe «969», qui ressemble au parti nazi allemand des années 1930. Il est bâti sur l'idée de la défense de «la race et de la religion». 969, créé à l'origine par le sinistre Kyaw Lwin, considère la minorité musulmane, 4 % seulement de la population, comme «une menace» pour la race birmane (majoritaire) et pour le bouddhisme.
La Birmanie, à 90 % bouddhiste, est composée d'une centaine de minorités ethniques, dont les Rohingyas, qui vivent au nord de l'Arakan, aux frontières avec le Bangladesh, et qui sont privés de la nationalité birmane depuis 1982. Devant la caméra de Ashin Wirathu, qui adore s'entourer de foules comme un gourou d'une secte, il développe ses idées terrifiantes sans aucun complexe.
Des idées relayées sur internet et propagées au moyen de DVD et CD. Les adeptes de 969 (créé en 1999) pratiquent sur le terrain les théories haineuses que W développe en s'attaquant aux biens des musulmans et aux mosquées. A partir de 2012, les violences prennent une autre ampleur.
Les musulmans sont ciblés physiquement en raison de leur religion. Des émeutes suivies d'assassinats sont commises dans plusieurs régions de Birmanie, comme le développe le documentaire de Barbet Schroeder. A chaque fois, elles sont nourries par le discours de 969, qui répand de fausses informations sur les réseaux sociaux, évoquant notamment le viol de filles bouddhistes par des musulmans. «Facebook est devenu un océan de propagande antimusulmane.
Le régime a réussi à boucler complètement le pays. Les gens n'osent pas parler, mais la majorité du pays est favorable au génocide», a constaté le cinéaste, lors du débat qui a suivi la projection à Annaba. Face aux critiques internationales, le mouvement 969 change de peau, en 2014, pour devenir Ma Ba Tha, l'Association pour la défense de la race et de la religion en Birmanie, devenue ensuite, en 2017, la fondation philanthropique Bouddha. Mais, l'idéologie de cette fondation est discrètement protégée par le régime militaire de Naypyidwa, la nouvelle capitale de la Birmanie. Entre-temps, le gouvernement de Aung San Suu Kyi a adopté la loi sur la race et la religion, qui reprend en grande partie la philosophie extrémiste de Ashin Wirathu.
Des musulmans brûlés vifs
Les images montrées par Shroeder sont insoutenables. Des musulmans achevés à la machette ou brûlés vifs par des bouddhistes déchaînés sont montrées. Parfois, plusieurs cadavres sont rassemblés comme un amas de bois pour être brûlés sous les yeux des bouddhistes. Le bouddhisme n'est-il pas une religion pacifiste qui prône l'acceptation de l'autre et la sagesse ?
Une voix off tente d'équilibrer en expliquant les principes de base du boud-dhisme qui refuse la violence. «En 2015, j'ai lu un rapport établi par l'université de Yale, qui évoquait qu'un génocide allait se produire. Je me suis alors renseigné et j'ai constaté que cela allait impliquer des bouddhistes, ce qui était en contradiction avec les enseignements du bouddhisme.
Pour moi, c'était quelque chose que je devais tirer au clair, puisque moi-même j'étais intéressé par le bouddhisme quand j'avais 19 ans. Quand je fais des films, c'est pour en savoir plus. J'ai découvert donc l'existence d'un mouvement extrémiste bouddhiste qui voulait préserver la race et la religion», a détaillé Barbet Schroeder. Après six mois de préparation, le cinéaste est parti en Birmanie pour tourner le film avec une petite caméra et une équipe de deux personnes. Il a constaté l'existence d'un silence dans les médias sur le drame des Rohinyas.
«En ce moment, les militaires birmans rasent au bulldozer des villages des Rohingyas en entier. Ils veulent faire disparaître les preuves. C'est un geste criminel. Ce genre de nouvelles passe inaperçu dans les médias parce que nous sommes inondés d'informations. Et, l'inondeur en chef, c'est Donald Trump, qui, chaque jour, lance des menaces», a-t-il noté. Barbet Schroeder a critiqué Aung San Suu Kyi, conseillère spéciale de l'Etat et porte-parole de la présidence birmane, prix Nobel de la paix (1991).
«Elle est partie prenante dans la mesure où elle fait partie d'un groupe de propagande dont la mission est de justifier les actions de l'armée. Elle soutient, par exemple, que les Rohingyas brûlent leurs propres maisons alors qu'ils sont des centaines de milliers à fuir leurs villages. San Suu Kyi va se retrouver un jour devant un tribunal comme les Serbes du Kosovo pour rendre des comptes. Elle ne pourra pas dire qu'elle obéissait aux ordres puisqu'elle est élue et donc responsable. Elle se retrouve dans la position du maréchal Pétain en France avec la collaboration avec les Allemands.
Aung San est couverte de sang et d'opprobre. Elle ne se relèvera pas», a soutenu le cinéaste. Selon lui, Aung San Suu Kyi n'a pas participé directement au massacre, mais elle a laissé faire, n'est jamais intervenue ni contre ni pour les Rohingyas. «Tout simplement, elle pense en bouddhiste. Elle est prisonnière des militaires, qui contrôlent tout, la police, les frontières, etc.
En fait, il n'y avait pas moyen de les arrêter après qu'ils ont commencé les massacres. Il y a un nettoyage ethnique en Birmanie. Au Kosovo, c'était la même chose. Les Serbes brûlaient les maisons dans les villages musulmans et chassaient les gens. Les drames en Birmanie sont plus extrêmes qu'au Kosovo», a-t-il souligné.
Non distribué aux Etats-Unis, projeté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes (sélectionné à la dernière minute), le documentaire Le vénérable W fait actuellement le tour du monde. «Malheureusement, je n'ai pas trouvé de distributeurs en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, le cinéma documentaire, avec un film aussi difficile que Le vénérable W, qui exige des versions différentes, puisque tourné en birman, ne trouve pas preneur. Je comptais sur des chaînes internationales comme Netflix ou Amazon. Refus.
Les responsables m'ont dit qu'ils cherchent à atteindre un public maximum. Le public ne peut pas lire tous les sous-titres. Le film n'a pas encore été diffusé à la télévision en France et en Suisse.
Il y a donc tout un parcours à franchir pour arriver à la reconnaissance, mais je ne pense pas qu'il existe une conspiration contre le film», a regretté Barbet Schroeder. Barbet Schroeder est connu, notamment, pour avoir réalisé des fictions et des documentaires comme La vierge des tueurs, Général Idi Amin Dada, L'avocat de la terreur (sur Jacques Vergès) et Amnesia.


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