La seule fenêtre sur la mer de la commune d'El Milia est depuis quelque temps au centre d'une polémique qui ne cesse de s'amplifier au sein des deux populations se trouvant de part et d'autre des limites administratives, entre les wilayas de Jijel et Skikda. A l'origine, c'est la réalisation d'un abri de pêche sur le territoire de la commune d'El Milia, dans la wilaya de Jijel, par la direction des travaux publics de la wilaya de Skikda qui a déclenché les foudres des uns et des autres. Bien avant son achèvement, cette infrastructure, servant d'abri aux petites embarcations de pêche, est devenue l'enjeu central d'une rivalité entre les habitants de deux localités séparées par l'appartenance des uns à Jijel et des autres à Skikda. Mais c'est du côté est de la ligne de cette frontière, soit, à Oued Z'hor, dans la commune d'El Milia, que cette affaire semble faire plus du mal. «Nous sommes intimidés sur notre propre territoire, ce port se trouve chez nous, alors pourquoi il est géré à partir de Skikda, nous n'acceptons pas ce fait accompli», fulminent des habitants de Ouled Djaballah, où cet abri de pêche a été réalisé. Le plus incompréhensible pour les citoyens de cette localité et des régions limitrophes, allant jusqu'à Beni Ferguene plus à l'est, est le silence des élus et des responsables locaux, à El Milia. «Où sont-ils, où étaient-ils lorsque ce port était encore en chantier, leur silence a fait perdre à la commune d'El Milia sa seule fenêtre sur la mer, c'est A de leur part ?», s'emportent certaines voix. La seule fenêtre sur la mer, située à l'extrême nord-est de la commune d'El Milia, aux limites avec les localités relevant de la wilaya de Skikda, est en effet hors de contrôle de cette commune. «C'est la faute aux élus de cette commune, ce sont eux qui ont longtemps délaissé cette région», s'indigne-t-on encore. Avec sa plage, ses terres agricoles fertiles et son patrimoine forestier des plus denses, la région d'Oued Z'hor, réduite à une sablière aux effets néfastes sur toute cette richesse, attend plus que jamais un geste salvateur des autorités. Des programmes de logement rural et l'aménagement de la principale route ont certes été accordés par le wali lors de sa visite dans la région, il y a quelques semaines, mais beaucoup reste à faire pour la population, frustrée de voir la seule infrastructure dont elle a bénéficié lui échapper. En attendant que les esprits se clament, car, avance-t-on, ce port a été réalisé dans un même pays, pas entre deux Etats, force est de noter que les autorités des deux wilayas se sont mises de la partie pour visiter séparément cette infrastructure. Les unes comme les autres sont venues rassurer leurs populations respectives de l'utilité de cet abri de pêche pour les deux régions se trouvant de part et d'autre des deux wilayas.