Contre le gré des autorités, qui tergiversent depuis plusieurs années pour décider de sa réouverture, les baigneurs ont déclaré ouverte la célèbre plage de Oued Z'hor, à l'extrême nord-est de la ville d'El Milia, à Jijel. Sans tambour ni trompette, ils ont décidé de mettre fin au boycott officiel de cette plage, restée abandonnée depuis plus de deux décennies. Si cet abandon est lié à d'évidentes raisons sécuritaires, il n'en reste pas moins que pour les natifs de la région, cet alibi n'est plus qu'un vague argument pour continuer à tourner le dos à ce littoral. Sans perdurer dans leur attente, les estivants ont réinvesti les lieux. Encouragés par l'amélioration des conditions sécuritaires, ils ont retrouvé leur plage fétiche. Le retour au calme a donné plus d'arguments au bouche-à- oreille pour fonctionner parfaitement, encourageant tous ceux qui ont des racines dans la région à revenir dans leur patelin, à Oued Z'hor. Pour cette année, c'est le grand rush. Les aoûtiens originaires de cette localité ont choisi de n'aller nulle part ailleurs, préférant (re)mettre le cap sur cette zone de baignade. Les foules d'estivants ne sont d'ailleurs nullement dissuadées par l'absence du dispositif de surveillance de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale. Sans qu'il soit préparé ou coordonné, leur dispositif estival est soigneusement mis en place. Le décor, bien planté, est le même avec parasols, chaises, tentes, et bien évidemment, quelques commerces. De facto, la plage est ainsi ouverte. Ses visiteurs viennent, notamment de Constantine, mais aussi de plusieurs wilayas du pays, où on garde des liens avec la région. Cette activité touristique est cependant loin de rapporter une quelconque fiscalité à la municipalité de la ville d'El Milia. Après avoir brillé par leur absence durant de longues années, les autorités locales ont tenté d'ouvrir la plage. A l'arrivée du wali dans la région, au mois d'avril dernier, c'était trop tard pour préparer la saison. Seule fenêtre sur la mer pour cette commune, cette bande côtière est une richesse. Elle profite aux régions limitrophes de la wilaya de Skikda. Et c'est à partir de cette wilaya qu'on gère un abri de pêche, en voie d'achèvement, implanté dans…la wilaya de Jijel, soit dans un territoire relevant de la commune d'El Milia. Les appels des citoyens pour reprendre «leur bien» restent sans écho. «Ils ne font rien à El Milia, ils ont abandonné Oued Z'hor à d'autres», lâche-t-on avec dépit. Dans ces contrées, où Dame nature a tout donné, tout a été bradé. D'abord à l'exploitation à outrance d'une sablière qui a donné le coup de grâce à l'écho-système, sans qu'elle profite à l'APC d'El Milia, qui n'en tire, d'ailleurs, aucune fiscalité. L'absence des services de l'Etat dans cette région a davantage réduit les atouts touristiques de Oued Z'hor à néant. Ce désintéressement est visible sur la route, dégradée dans son ensemble, malgré quelques tentatives pour la retaper.