Les membres de l'Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI) se sont réunis jeudi dernier en assemblée générale au Cerist pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur les difficultés de la corporation et le net recul des utilisateurs d'internet. Contredisant les chiffres officiels, ils ont affirmé : « Beaucoup de providers sont au bord de la faillite et avec eux des centaines de cybercafés qui ont arrêté leurs activités ou dont la situation est devenue précaire. » L'origine de cette situation de crise est, selon eux, à « chercher dans les pratiques discriminatoires, les coûts d'exploitation exorbitants consécutifs aux prix de monopole imposés aux ISP, l'absence de visibilité et de règles transparentes, reconnues, établies et surtout appliquées dans les relations des ISP avec le secteur des télécoms, les jeux d'influence inévitables dans de tels contextes ». Les ISP ont remarqué que, depuis septembre 2003, il y a eu un déclin de l'utilisation d'internet de plus de 50%. Face à cette situation, ils se sont posé la question : cela est-il dû au fait que certains internautes ont migré du RTC (réseau téléphonique commuté) vers l'ADSL (accès haut débit) ? Le représentant de l'Eepad, qui a lancé cette technologie en Algérie a confirmé que la généralisation de l'ADSL n'est pas aussi importante. Il y aurait à peine 1000 abonnés pour toute l'Algérie. Les entreprises algériennes restent en retrait et, selon Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, il existe 2600 sites web. Les ISP qui ont contribué à la démocratisation d'internet sont de plus en plus en difficulté financière. La régression est due au « prix monopolistique que pratique Algérie Télécom ». Une ligne spécialisée sur le national est plus chère qu'une ligne spécialisée vers la France. « C'est illogique, on paie Alger-Ouargla 500 000 dinars le mois pour 2 mégabits (le support sans internet) et on paie moins cher pour aller d'Alger en fibre optique vers l'étranger (données et internet) », s'insurge Younès Grar, président de l'AAFSI. Pour la bande passante, le prix d'AT est vingt fois plus cher que les prix pratiqués à l'international : à l'étranger, il se vend à 100 dollars le mégabit et AT le facture 200 000 DA par mois. Les providers avaient entrevu une lueur d'espoir après la délivrance des autorisations provisoires pour faire des tests relatifs à la voix sur IP. Mais l'Autorité de régulation (ARPT) proclame l'arrêt de l'expérimentation. Elle a donné l'ordre à Algérie Télécom de couper les connexions téléphoniques E1 au moment où les opérateurs de télécoms en Algérie la lançaient pour les communications internationales à grand renfort de publicité. Elle demande « la fixation d'une taxe téléphonique unique à l'échelle nationale pour l'accès téléphonique à l'internet, taxe égale à 50% de la tarification locale et la reconnaissance claire de la voix IP ».