Il a fallu que les enseignants de l'école primaire Rassauta de Bordj El Kiffan observent, jeudi dernier, une journée de protestation pour que les parents sortent de leur torpeur en découvrant les conditions de scolarité de leurs enfants dans cet établissement réalisé en préfabriqué, au début des années 1990. « J'ai remarqué que mes enfants toussent à la maison, mais j'étais loin de soupçonner que le malheur vient de leur école », affirme Ahmed, membre de l'Association des parents d'élèves. Les récentes pluies ont, en effet, fait exploser la colère des enseignants au point où ils ont décidé, le mercredi, de renvoyer les élèves chez eux tout en convoquant leurs parents. Le corps enseignant a ainsi pris sur lui la défense des droits des enfants, en l'absence de l'association qui n'assume pas son rôle sur le terrain. Pour rejoindre leur école, les élèves traversent une route faite de boue et de mare d'eau avec de part et d'autre des décharges sauvages faites de déchets ménagers et de gravats. Des infiltrations d'eau, à travers le toit, sont enregistrées dans les classes, l'étanchéité étant défaillante. A l'intérieur des salles, les enfants gardent leurs manteaux enfilés. Le chauffage, dont l'installation a été réalisée en juin dernier, n'est encore pas fonctionnel. Le vent pénètre dans les classes à travers des vitres cassées. Pour y remédier, on a mis des sachets à la place des verres. Dans une salle, c'est l'armoire qui cache les vitres sans carreaux. Le réseau électrique connaît aussi des défaillances : des fils électriques, détachés, se balancent dans le vide. A chaque importante averse, et faute d'un réseau de drainage des eaux pluviales, une bonne partie de la cour de l'école devient une grande mare. En l'absence d'entretien, l'intérieur de l'établissement fait office de réceptacle à toute une gamme de matériels usagers. Les parents et les enseignants estiment que des mesures d'urgence doivent, par conséquent, être prises. Il s'agit, selon eux, de la réalisation d'un réseau de drainage des eaux pluviales, de la réfection de l'étanchéité, de la mise en fonction du chauffage et du remplacement des vitres cassées. Les autorités locales reconnaissent l'état d'abandon dans lequel se trouve l'établissement. « Il y a un laisser-aller de la part de l'APC », estime de son côté Rabah Belkhiri, président de la commission « éducation, sport et culture ». Selon lui, le réseau de drainage peut être réalisé durant la période de congé. Le compteur à gaz, ajoute-t-il, sera installé incessamment pour faire fonctionner le chauffage. Le remplacement des vitres, déclare-t-il, est une « question de temps » : une équipe d'ouvriers de l'APC est en train de sillonner les écoles de la commune. Pour la réfection de l'étanchéité, M. Belkhiri affirme que « cela dépend du climat ». Le chef de la commission avance enfin qu'aucun projet de remplacement de l'école n'est inscrit pour le moment.