La revue Maghreb-Machrek, publiée en France aux éditions Choiseul, vient de consacrer un numéro entier à la problématique liée aux migrations transsahariennes. Intitulé « Marges et mondialisation, les migrations transsahariennes », ce numéro propose 5 études de spécialistes reconnus du phénomène de l'immigration, dont une de Marc Cote. Devenue une référence incontournable dans le domaine des sciences sociales, la revue Maghreb-Machrek ouvre les débats avec une recherche de Ali Bensaâd, maître de conférence à l'université de Provence et à l'IREMAM, centrée sur le thème du Sahara comme vecteur de mondialisation. Le chercheur algérien révèle dans son étude que les migrations transsahariennes sont en réalité l'expression d'une mondialisation par la marge. « Les migrations transsahariennes, reliant directement l'Afrique noire et l'Europe et renouant le contact entre les deux aires socio-culturelles, maghrébine et noire africaine, bouleversent les échelles du système relationnel international et posent le Sahara comme un faiseur de mondialisation par la marge (…) », souligne Ali Bensaâd dans sa recherche publiée dans ce numéro Maghreb-Machrek qu'il a dirigé. M. Bensaâd explique en outre que le Maghreb, contraint au rôle de tampon pour une Europe qui se verrouille, devient un espace d'immigration. Et, selon lui, au problème sociétal inédit que pose l'immigration africaine aux pays maghrébins, « s'ajoute l'épreuve doublement déstabilisante de la confrontation à une altérité nouvelle pour un Maghreb déjà soumis à de graves tensions identitaires ». Des tensions qui, d'après Ali Bensaâd, stimulent et précipitent la reformulation d'une interrogation sur soi par les sociétés maghrébines. Et à ce propos, il préviendra que « leur gestion voulue sécuritaire par l'Europe est porteuse de risques de tensions graves dans la région ».