Mardi 19 décembre, à Tripoli, cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien ont été condamnés à mort, accusés en 1999 d'avoir délibérément transmis le virus du sida à 426 enfants libyens, dont 52 sont décédés à l'hôpital de Benghazi. Les six condamnés devraient à nouveau faire appel. Incarcérés depuis février 1999 en Libye, les personnels soignants avaient été condamnés à la peine capitale une première fois en 2004, sur la base d'aveux extorqués sous la torture. Leur appel avait été accepté par la Cour suprême du pays qui avait ordonné un nouveau procès. Le 4 novembre dernier, lors de la dernière audience, la peine de mort avait à nouveau été requise à leur encontre. Les infirmières et le médecin sont accusés d'avoir inoculé le virus du sida, à l'hôpital de Benghazi, à 426 enfants dont 52 sont décédés. La dernière victime, une fillette de 9 ans, est morte le 24 octobre dernier. Et, selon l'une des familles, un garçon de 8 ans, infecté, serait également mort mardi dernier. Le verdict, très attendu par la communauté internationale, n'est pas une véritable surprise pour les défenseurs des droits de l'homme. La sentence ne précise pas comment doit être appliquée la peine. En Libye, les condamnés à mort sont exécutés par balle ou par pendaison. En décembre 2005, la Bulgarie, en partenariat avec l'Union européenne (UE), les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, avait constitué un fonds international pour aider la Libye à combattre le sida, assurer la mise aux normes de l'hôpital de Benghazi et dédommager les victimes ou leurs familles. La Bulgarie, qui entrera dans l'Union européenne le 1er janvier prochain, a condamné et rejeté la « décision absurde du tribunal » et a enjoint la Libye à « ne pas exécuter » les cinq infirmières et le médecin. « Je suis choqué par cette décision, c'est une grosse déception. J'espère que les autorités libyennes vont revenir sur cette décision qui est un geste dangereux et un obstacle à la coopération avec l'UE », a déclaré Franco Frattini, le commissaire européen à la Justice. Washington s'est dit « déçu » et Paris « choqué ».