La rencontre nationale des lycées techniques, qui s'est tenue hier à Bouzaréah (Alger), augure d'une « rentrée de congé » pour le moins mouvementée dans le secteur de l'éducation nationale. Le projet portant « restructuration » de l'enseignement technique endossé par le département de Benbouzid et sa décision relative au passage en 2007 de l'enseignement technique sous la tutelle du ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels ne cessent ainsi de s'attirer, depuis novembre dernier, les foudres des organisations syndicales autonomes, résolues à faire « reculer » cette « réforme » assimilée par les syndicalistes à un véritable « casse ». Le conclave de Bouzaréah, organisé par la toute nouvelle Coordination des lycées techniques (créée le 23 novembre suite à l'appel à la mobilisation autour de la défense de l'enseignement technique, lancé par les deux syndicats, Cla et Satef), a pour ambition de donner à la mobilisation une envergure nationale et du « contenant » au mouvement qui a amorcé, hier, son ultime phase de structuration. Par le contenant, les syndicalistes du Cla et du Cnapest, parraineurs principaux du mouvement, entendent l'adoption par les participants (9 wilayas) d'une plateforme de revendications qui sera incessamment soumise au département de Benbouzid. A l'issue de ces assises, il a été ainsi décidé la création de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums, la CLTT. En guise de première action de protestation, cette coordination organisera, le 15 janvier prochain, une journée de protestation à Alger. D'après M. Bendaïkha, membre de la Coordination des lycées techniques du Centre (CLT), l'objectif premier de ces rencontres est d'abord de sensibiliser l'opinion publique sur les dangers que comportent le démantèlement de l'enseignement technologique et l'extinction des filières techniques et technologiques. « Si cette réforme passe, dira-t-il, les 250 lycées techniques du pays disparaîtront d'ici cinq ans. » La restructuration telle qu'elle est prônée par le ministère de l'Education débouchera, selon lui, sur une réduction drastique de l'offre pédagogique proposée aux élèves et un déséquilibre entre le savoir académique, d'un côté, et technologique, de l'autre, préjudiciables à l'essor des générations futures. La démarche ministérielle, explique Redouane Osmane, un des prometteurs de la rencontre, est « utilitaire » et « obéit à des impératifs ponctuels » liés à la réduction des besoins en encadrement (actuellement, les lycées techniques emploient plus de 6000 enseignants) et de coûts financiers. Un lycée technique par sa nature même coûte quatre fois plus qu'un lycée général. Et d'ajouter : « Cette démarche tend en réalité vers la mise en place d'un système élitiste, de sélection précoce (…). C'est une restructuration qui remet en cause l'option scientifique et technique » qui a « jusque-là formé le corps d'élite de l'Etat, les techniciens supérieurs et les ingénieurs » .