En dépit des assurances du ministre de l'Education nationale quant au bon fondement de la décision relative au passage en 2007 de l'enseignement technique sous la tutelle du ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels, les enseignants et certaines organisations syndicales multiplient leurs sorties sur le terrain. Ces sorties sont programmées pour alerter l'opinion publique sur l'ampleur du danger que fait courir ce choix de démantèlement programmé dans des lycées techniques et le risque de l'extinction des filières techniques et technologiques. Il est nécessaire de préciser que le département de M. Benbouzid a indiqué que les enseignants du technique ne sont nullement obligés d'accepter leur transfert. « Je n'oblige aucun enseignant à rejoindre les centres ou les instituts de l'enseignement professionnel. Ce n'est pas une obligation. Les enseignants qui choisissent de rester dans le secteur de l'éducation seront orientés vers l'enseignement d'autres matières. D'ailleurs, des recyclages leur seront destinés pour leur permettre de s'adapter au nouvel enseignement », a expliqué le premier responsable du secteur, qui a insisté sur le fait que les pouvoirs publics n'ont aucunement l'intention de supprimer les filières techniques dans les lycées, mais qu'il s'agit d'une simple réorganisation et du restructuration qui entrent dans le cadre de la réforme du système éducatif. Pour justifier la décision du transfert de la tutelle de l'enseignement technique, M. Benbouzid fera remarquer que 90% des élèves, ayant réussi au baccalauréat technique, ont échoué dans leur cursus universitaire et ce, en raison des lacunes de l'enseignement technique, ce qui a influé négativement sur leur intégration dans les spécialités de leur choix dans l'enseignement universitaire. Dans ce sillage, M. Benbouzid a précisé que le cursus des étudiants du technique sera sanctionné par des diplômes reconnus au même titre que le baccalauréat. « Certains pourront ainsi intégrer la vie professionnelle alors que les autres lauréats majors de promotion seront orientés vers l'enseignement supérieur pour obtenir une licence professionnelle dans le cadre du système LMD », a souligné M. Benbouzid. Par ailleurs, les membres de la Coordination des lycées techniques (CLT) ne comptent pas baisser les bras, ils envisagent de saisir l'ensemble des institutions pour l'annulation pure et simple de cette décision. Mardi dernier, une délégation du CLT s'est rendue au Conseil de la nation où elle s'est entretenue avec le président de la commission éducation. « Nous lui avons remis un rapport détaillé sur le dossier et nous lui avons expliqué que la restructuration de l'enseignement technique a été faite sans débat ni consultation aucune », rapportent les responsables du CLT, qui ont fait part au président de la commission de leurs inquiétudes concernant cette démarche qui comporte, entre autres, des risques d'extinction de l'enseignement technologique, la suppression de plus de 250 lycées techniques, une réduction de l'offre pédagogique aux élèves, un déséquilibre entre les savoirs académiques et les savoirs technologiques préjudiciables à l'essor national et l'inadéquation de cette conception avec ce qui est en cours dans le monde. La délégation du CLT a insisté auprès des représentants du Sénat sur le caractère illégal de la décision relative au transfert des enseignants des lycées techniques. « Cette décision est contraire aux règles statutaires et à la jurisprudence nationale. Aucun texte n'a été endossé par le Parlement pour flexibiliser les ressources humaines », ont précisé les membres de la délégation, qui ont en outre mis l'accent sur l'aspect comptable de cette opération de réaménagement de l'enseignement technique. Par ailleurs, les membres du CLT saisiront prochainement les députés. En effet, une rencontre nationale des représentants des lycées techniques est prévue le 23 décembre prochain, et ce, pour débattre de l'état des lieux et des initiatives communes.