Les secrets et motivations réelles de la cession par M. Batouche d'une grande partie de ses actions détenues à Danone-Djurdjura au bénéfice du géant français restent bien gardés. En l'absence des clarifications des principaux concernés, l'on va ainsi des conjectures aux indiscrétions pour tenter de comprendre une expérience qui par bien des aspects peut renseigner sur celle plus globale du partenariat d'opérateurs nationaux avec des sociétés étrangères. Le groupe Danone qui, à la signature du partenariat en 2001, avait la majorité des parts à hauteur de 51%, est depuis juin dernier détenteur de 95% des actions, réduisant à de la figuration les propriétaires de la société Djurdjura. Une évolution prévisible pour certains consommateurs avertis qui avaient depuis quelques années déjà fait remarquer la disparition du logo Djurdjura sur les emballages des produits mis sur le marché. L'augmentation du capital de l'entreprise par deux fois depuis le lancement du partenariat serait, d'après nos sources, à l'origine de la reprise par Danone des actions détenues par les Batouche. Ceux-ci, continue-t-on, se retrouvant dans l'incapacité d'injecter les apports financiers exigés par la nouvelle envergure donnée à l'investissement, notamment après l'éclatement du groupe familial (pas moins de 5 boîtes économiques sont à l'actif de la famille Batouche dans la zone d'activités d'Akbou), n'eurent donc d'autre choix que de céder de leurs parts. De l'autre côté, le groupe Danone, dont l'ambition est de consolider sa position dans la zone Afrique du Nord/Moyen-Orient et qui se targue d'occuper une place de leader en couvrant le marché national à hauteur de 40% dans la filière produits laitiers frais, dispose de moyens autrement plus conséquents pour imposer sa marque, d'autant que des concurrents nationaux, notamment Soummam, semblent, à ce stade de l'activité, à tout le moins, bien tenir la défi. Désaccord sur la conduite du groupe, notamment sur les volumes de réinvestissement des bénéfices et leurs destinations, avec comme effets subsidiaires le contrôle de certaines commandes du groupe, sont par ailleurs d'autres motifs évoqués dans la périphérie de la société pour expliquer ce que des observateurs n'hésitent pas à considérer comme une absorption pure et simple du partenaire algérien par le mastodonte international.