Dans un pays aussi dur que l'Algérie, ceux qui s'en sortent sont finalement les politiques d'un côté, avec leurs avantages et leur impunité quasi diplomatique. De l'autre, les hommes d'affaires ou plutôt les affairistes, qui ressemblent aux premiers et sont parfois les mêmes, assurés d'un bonheur régulier, l'argent réglant tout en Algérie. Les autres nagent dans d'effroyables problèmes du quotidien. De la problématique de l'eau potable jusqu'à l'électricité trop chère, ils n'ont en général qu'un matelas en éponge pour dormir et rêver d'autre chose et une télévision nationale pour bien réaliser que le mensonge est d'abord une idéologie. Tout est cher quand ce n'est pas inaccessible, tout est hors de portée quand ce n'est pas interdit. Il y a deux jours, le journal InfoSoir consacrait un bon dossier à la promiscuité, c'est-à-dire aux Algériens qui vivent dans des conditions de précarité incroyables. Des familles de 15 personnes entassées dans une pièce, à Alger. Des enfants qui dorment dans le couloir ou la cuisine, sur le balcon pour les moins chouchoutés, avec des enfants handicapés, avec un salaire de 9000 DA pour 10 chômeurs. Chose admirable, du moins pour les cas cités, les enfants, qui dorment encombrés, soumis aux maladies de la promiscuité, n'ont versé ni dans la délinquance ni dans le terrorisme. Condamnée à perpétuité pour un crime qu'elle n'a pas commis, à part d'être née pauvre dans une famille pauvre, cette vieille femme presque aveugle qui doit partager sa pension de 3000 DA et son deux-pièces avec ses nombreux enfants et petits-enfants, qu'attend-elle de la vie ? Rien, à part une hypothétique réponse à sa 1000e demande de logement social. Finalement pour elle, seule la mort peut la libérer. C'est probablement pour cette raison que la nature a inventé la mort. Peut-on imaginer vivre éternellement dans une pièce à 15 ?