Interrogée sur les motifs du malaise qui plane sur l'institut depuis février dernier, la directrice par intérim, Mme Badia Sator remonte à la genèse de l'affaire qui porte sur la revendication des étudiants relative à « la reconnaissance de leur diplôme de fin de cursus par le ministère de l'Enseignement supérieur ». Or, ce dernier est en droit de ne pas cosigner le diplôme, souligne-t-elle, sauf pour l'étudiant bachelier. Il est à signaler que l'Insm relève de la double tutelle, à savoir le ministère de la Culture et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce dernier refuse, en vertu de la loi relative à la reconnaissance du diplôme, de délivrer de titre (diplôme) pour les étudiants admis - non bacheliers - dans une école ou un institut supérieurs. Des textes qui sont en vigueur depuis 1999, selon le directeur des études pédagogiques de l'Insm, Tahar Radjaï qui saisit l'occasion de signaler que le malaise perdure. « Toutefois, poursuit la directrice, la revendication des étudiants a été satisfaite en partie, dans la mesure où le diplôme de fin d'études est reconnu par la Fonction publique ». Ce qui laisse supposer que les récipiendaires peuvent trouver des débouchés dans les différents paliers de l'enseignement général, notamment, dira Mme Badia Sator, regrettant dans la foulée « la détérioration du mobilier et les écarts de conduite de dix étudiants, qui ont fait l'objet d'un cas disciplinaire ». Ce qui leur a valu un mois d'exclusion, suivi depuis jeudi dernier, d'une décision de l'administration de renvoyer tous les étudiants jusqu'à « la reprise des cours » le 6 janvier 2007. Les étudiants montent sur leurs ergots et, en signe de solidarité, refusent la sanction infligée à leurs collègues, qu'ils considèrent « arbitraire ». Puis, ils persistent et signent dans leur mouvement de protestation. Un des délégués des étudiants confie, sous le couvert de l'anonymat : « Les propos de l'administration ne sont que pures allégations, car aucun acte de vandalisme n'a été commis dans l'institut, sinon le démontage d'un lit et non sa démolition comme cela a été mentionné dans le rapport de la commission disciplinaire. » C'est une diversion, soutient-il, car le problème initial réside dans la revendication principale qu'est la reconnaissance du diplôme. « Seuls les candidats bacheliers inscrits au niveau de l'institution peuvent obtenir le diplôme », tient-il à rappeler. En effet, les élèves des différents IRFM (Institut régional de formation de musique) et les élèves de terminale qui ont eu accès à la formation au niveau de l'INSM verront leur cursus sanctionné par une attestation et non un diplôme. « Notre licence de fin d'études n'est pas reconnue par la Fonction publique, et nous ne pouvons, par conséquent, pas travailler », renchérit un autre étudiant. La question que les étudiants mettent en avant, c'est pourquoi permettre l'accès à la formation pour des élèves non bacheliers au niveau d'une école ou un institut supérieurs si, en fin de parcours, le titre n'est pas reconnu. Les grévistes estiment que leur avenir est incertain, a fortiori lorsque plus de 80% des effectifs sont des non-bacheliers. La situation de pourrissement qui n'a que trop duré sera-t-elle débloquée ou s'achemine-t-on vers une autre année blanche ?