Résidence de la mission algérienne du hadj à La Mecque. 12h30 tapantes en ce mardi particulièrement chaud. Une ambulance s'arrête brusquement devant le « QG » de la « Biatha ». Ses occupants accourent rapidement vers le siège de la délégation, une civière en main. Deux minutes après, ils ressortent avec le corps inanimé d'une femme qu'ils vont acheminer à la morgue d'un hôpital saoudien.A trois jours de la fin du pèlerinage, ils sont, officiellement, six à avoir perdu la vie ici à La Mecque, à parité entre les femmes et les hommes. Nacer Sebti de Sétif, Abdelmadjid Bouzellal de Béjaïa, Zitouni Rachda de Tlemcen ou encore Boukhir Djemaïa d'El Tarf sont tous morts de « vieillesse ». En effet, les six victimes traînent pour la majorité des maladies chroniques. « Ils sont venus mourir ici », plaisante un membre de la délégation. Il faut savoir en effet que la loi saoudienne interdit le transfert à leur pays d'origine des hadjis qui auront péri durant le pèlerinage. Et parmi les 43 000 Algériens venus accomplir le hadj, au moins 2500 personnes sont tombées malades dans le sillage du long voyage et du changement de climat. Aussi que le comité médical de la mission semble un peu inquiet de la montée en flèche du nombre de malades chroniques non déclarés et de dialysés. Il faut donc parer au plus pressé et parfois sans préparation puisque le staff médical n'a pas forcément le matériel nécessaire pour faire face à des maladies qui supposent un lourd traitement. C'est pourquoi la mission a dû effectuer près d'un millier d'évacuations sur les différents hôpitaux de La Mecque durant les dernières 48h. Et la grippe semble de loin la principale maladie diagnostiquée. Au moins 107 personnes étaient encore hier sous contrôle médical. Au total, ce sont plus de 2314 hadjis algériens à avoir suivi un traitement médical. Il faut signaler également qu'il a été enregistré 13 cas d'accident de la route qui n'ont heureusement pas fait de victime. Il est vrai que les millions de pèlerins « squattent » pratiquement toutes les ruelles et venelles de La Mecque au point de rendre la circulation automobile quasiment impossible. Côté algérien, mis à part le commission médicale qui fait un travail remarquable et qui est sur la brèche depuis le premier jour, les autres services semblent plutôt satisfaits des conditions générales de prise en charge. 13 accidents de la route Situés à moins d'un kilomètre des Lieux Saints, les résidences des hadjis algériens offrent toutes les commodités requises leur permettant de se reposer après les éreintantes bousculades dans l'enceinte de la Kaâba. Et à la fin de chaque prière, les futurs hadjis ne perdent pas le réflexe typiquement algérien qui consiste à faire le marché. Et le grand boulevard Khaled Ibn El Walid qui traverse leurs lieux de résidence offre un marché ouvert 24h sur 24. Ici, tout se vend et s'achète, un véritable commerce « islamique » a pris forme à quelques mètres de la sainte mosquée. Un marché qui assure les petites choses dont a besoin le hadji. On y trouve, en effet, de l'eau « Zem Zem » bien emballée, toutes sortes de tapis de prière, des livres de religion, une sélection de kamis et tout l'attirail masculin et féminin qui va avez le pèlerinage. Même des coiffeurs « spéciaux » sont là pour vous couper ou raser les cheveux dès que vous aurez accompli le « tawaf » et le « saâii ». Une sorte de commerce auxiliaire qui rend service et aux autorités saoudiennes et aux pèlerins, qui avec une poignée de rials peuvent s'offrir ce qu'ils désirent juste en dessous de leur résidence. Et à tout moment ! C'est dire qu'à la veille du stationnement au mont Arafat, dont le départ est prévu cet après-midi, l'ambiance est plutôt bonne chez les membres de la mission. Après la tentative de semer la « fitna » d'il y a trois jours, œuvre d'un groupe d'Algériens politiquement « incorrects », semble-t-il, la sérénité reprend le dessus. Des pèlerins algériens aux accents oranais, selon les précisions qui nous ont été faites, se sont approchés des hadjis leur demandant de parler des conditions de séjour sous les projecteurs de leurs caméras. La mission algérienne est catégorique : « Il y a une volonté de nuire médiatiquement à la mission pour pousser les autorités à opter pour la sous-traitance de la campagne hadj. » Tamine Abdellah, coordinateur de la communication, se dit même convaincu qu'il y « un courant et un objectif politique derrière cette intrusion ». Il reste que cette affaire n'a pas vraiment ébranlé la sérénité des gens ici à La Mecque. Hier, la mission, basée au boulevard El Ghaza, s'affairait à parachever les préparatifs pour le déplacement demain à Arafat. Il faut préparer les tentes, mobiliser plus d'une centaine d'autobus. Une mission qui n'est pas de tout repos quand on sait les petits désirs presque enfantins de nos vieillards qu'on doit satisfaire au risque de les froisser. La Mecque (Arabie Saoudite). De notre envoyé spécial