Les prix des fruits et légumes n'ont jamais été aussi inabordables que ces derniers jours. Qu'on en juge : la tomate à 120 DA, le poivron à 160 DA, la salade entre 40 et 50 DA, sans compter l'inamovible pomme de terre, résolue depuis des mois à ne pas descendre sous la barre des 60 DA, parfois 70 DA en certains endroits. Même l'oignon prend « des ailes » puisqu'il est négocié à Alger entre 40 et 50 DA le kilogramme. « Je n'en peux plus. Je rentre chez moi quitte à remplir ma marmite d'eau et de sel », lance une ménagère en quittant précipitamment le marché de Belouizdad (ex-Belcourt). Egaux devant les prix, les autres marchés de la capitale n'enregistrent pas de bousculade. A Bab El Oued, quartier réputé être « bon marché », la mercuriale n'est pas pour autant compétitive. Les étals ne sont pas pris d'assaut, sauf ceux qui proposent les fines herbes nécessaires pour la préparation des plats le jour de l'Aïd El Adha qui sera célébré à partir de samedi 30 décembre. Un quinquagénaire, rencontré hier sur les lieux, dit avoir battu un record en nous exhibant un sachet bourré de bottes d'épinards. « J'en ai acheté cinq, et cela ne m'a coûté que 50 DA. Je n'ai pas d'autre choix. J'espère que les enfants ne rechigneront pas, eux qui adorent les pommes frites », soupire-t-il en jetant un regard furtif sur un étal de pommes de terre à 60 DA le kilogramme (ce légume était cédé à 45 DA, il y a à peine une semaine). « J'aurais voulu en acheter, mais l'escarcelle est presque vide », se plaint-il. Cela dit, plus on s'éloigne de la capitale, plus les prix s'affolent encore. Le constat a été fait à Staouéli, sur la côte ouest de la capitale, que l'on qualifie de ville « très chère » à cause de sa proximité avec la résidence d'Etat de Club des pins. Les différences (à la hausse) sont de l'ordre de 20, 30, voire 50 DA, selon les produits. « Où sont les contrôleurs ? », s'interroge un couple de modestes travailleurs résidant dans cette localité située à 25 km d'Alger. Interpellé, le président du comité des marchés de gros de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Medjber, explique cette flambée des prix par le fait que la demande a sensiblement augmenté en cette veille de l'Aïd El Adha et de la célébration du jour de l'an. Selon ce professionnel, par ailleurs responsable au niveau du marché de gros des Eucalyptus, le facteur intempérie y est également pour quelque chose. « La cueillette n'a pas été faite ces derniers jours à cause de la pluie », ajoute-t-il. Néanmoins, il avoue que les prix proposés au niveau des marchés de détail sont « exorbitants », « certains prix enregistrant une hausse de 100% ». Le professionnel n'omet pas de plaider pour un système de contrôle performant, englobant les secteurs du commerce, de l'agriculture et de la corporation.