Jugé sans preuves tangibles, l'octogénaire a croupi en prison, trois ans durant (1984 - 1987). Encore et toujours sous le choc qui ne le quitte pas, tant que la justice de son pays ne le réhabilite pas, le vieux déplore avec rage, la machination. « J'ai injustement purgé une peine de 3 ans d'emprisonnement », dira en préambule le vieux qui ne demande ni plus ni moins qu'une révision de son procès. Le plaignant ne réclame aucune réparation matérielle pour le préjudice moral subi, mais le rétablissement de la vérité, brandi à qui veut voir et entendre, les preuves de son innocence. Par arrêté municipal n° 150/76/SG, M. Hamadi est désigné le 31 décembre 1975, en qualité de directeur provisoire de l'entreprise communale. Le 9 février 1977, soit après, 13 mois d'exercice, le fonctionnaire est déchargé de ses fonctions. Une grave maladie est à l'origine de la décision précitée. Le 16 mars 1977, un quitus sanctionnant les passations de consigne qui se sont déroulées en présence du maire et des trois comptables de la société. Six ans après (1983), M. Hamadi est convoqué par le juge d'instruction près le tribunal de Sétif qui a donné du crédit à une lettre anonyme transmise le 27 mars 1979 à la gendarmerie qui accuse, deux ans après ses fins de fonction, l'ex-responsable de détournement de deniers publics et de mauvaise gestion. Cette audition, qui est sanctionnée par un non-lieu, est frappée d'appel introduit par le parquet général. L'ex-gestionnaire qui n'a jamais été interrogé sur l'historique de la société ne se doutait de rien. Il ne savait pas que ce « complément d'information » allait l'envoyer directement au cachot. « Dès mon arrivée au tribunal et sans se donner la peine de me voir, le juge d'instruction ordonne mon arrestation. Figurez-vous que je suis resté neuf mois dans l'ignorance totale sur les raisons de mon incarcération », souligne El Hadj Redjem qui ne retient ni ses larmes ni sa rage. « C'est suite à d'innombrables cris de détresse lancés en direction des autorités concernées que le juge d'instruction daigne m'auditionner, en l'absence de mon avocat et me faire part de deux chefs d'inculpation, à savoir détournement des deniers publics et mauvaise gestion sans pour autant me fournir le moindre détail relatif aux faits qui me sont reprochés », précise notre interlocuteur qui sera condamné pour des faits commis postérieurement à sa gestion. N'ayant jamais accepté cette erreur ou bavure judiciaire qui lui empoisonne la vie, le vieux collecte à sa sortie de prison des preuves concrètes et tangibles sur son innocence. Sur la base des nouveaux éléments et bien d'autres que le citoyen réclame la révision de son procès. El Hadj Redjem qui a frappé à toutes les portes n'est, en dépit du poids de l'âge et du silence radio des responsables, pas du tout disposé à abdiquer.