C'est une mère éplorée et désemparée qui s'est adressée à El Watan comme dernier recours pour sensibiliser les autorités sur la situation de son fils emprisonné injustement en France, selon ses dires. Djemaâ Hakkar, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, se bat de toutes ses forces pour mettre fin au sort injuste qui s'est abattu sur son fils Abdelhamid Hakkar, âgé de 49 ans. Les déboires de Abdelhamid ont commencé le 30 août 1984 lorsqu'il a été arrêté avec neuf autres personnes toutes Françaises pour le meurtre d'un policier français. Le 8 décembre 1989, ils seront tous jugés par la cour d'assises de l'Yonne. Le procès s'étant déroulé en son absence et celle de son avocat, il aura droit au verdict le plus sévère, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 18 ans. Les autres accusés ont tous bénéficié de peines beaucoup moins rigoureuses. D'ailleurs, à l'heure actuelle, ils sont tous libres alors que Abdelhamid croupit toujours en prison. Celui-ci n'a pas arrêté de clamer son innocence et de contester les conditions anormales dans lesquelles s'est déroulé son procès, en vain. En désespoir de cause, Abdelhamid saisira les instances européennes qui reconnaîtront le bien-fondé de ses doléances. Les membres de ces autorités seront unanimes à considérer que l'Etat français a violé les articles 6-1 et 6-3 de la Convention européenne des droits de l'homme. Constatant qu'il y a eu vice de forme, les institutions européennes somment la justice française de remettre en liberté l'Algérien. Ce à quoi les autorités de l'Hexagone opposeront une fin de non-recevoir estimant qu'une telle décision n'est pas conforme au droit français. L'ex-ministre français Jack Lang qui a eu vent de l'affaire prendra fait et cause pour Abdelhamid. C'est dans ce sens qu'il proposera en tant que député une réforme de la législation française en conformité avec les principes protégés par la Convention européenne des droits de l'homme et ce, en déposant un amendement au niveau du Parlement en juin 2000 qui sera adopté. L'intervention louable de Jack Lang ne donnera malheureusement rien du moment que Abdelhamid sera maintenu en prison. Plus grave encore, il sera de nouveau présenté le 26 février 2003 devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine où il sera condamné à 18 ans de sûreté supplémentaires pour les mêmes faits sans que la première peine soit annulée. Ainsi après avoir purgé sa peine de sûreté, Abdelhamid, qui a passé 20 ans de sa vie dans une cellule, ne quittera pas les geôles alors que ses coaccusés jouissent tous de leur liberté. Abdelhamid qui a l'impression que la justice française s'acharne contre lui a interjeté appel sans grand espoir. L'appel sera examiné prochainement par la cour de Versailles. En attendant, la mère de Abdelhamid languit de revoir son fils auprès d'elle à Chemorah, dans la wilaya de Khenchela. Benyagoub Nora, Maâchi Azzedine