L'affaire des véhicules vendus avec de faux documents douaniers ne cesse de prendre de l'ampleur à Tizi Ouzou. A la fin 2006, la Brigade économique et financière de la sûreté de wilaya a identifié 1044 véhicules importés et mis en circulation sans qu'ils ne soient régularisés au niveau de la douane. En 2005, ce chiffre n'était que de 505 véhicules. Jusqu'à maintenant, les services de police ont saisi 250 véhicules et arrêté onze faussaires impliqués dans cette affaire tandis que sept autres demeurent recherchés. A l'heure actuelle, près de 800 véhicules sont activement recherchés. Cette forme de falsification a sévi de 2001 à 2004. Les trafiquants, généralement des revendeurs, achetaient des véhicules de moins trois ans avant leur dédouanement et cette procédure n'a pas manqué de séduire un grand nombre de petits importateurs qui cédaient leurs voitures sans paiement des droits de douane. Après l'acquisition du véhicule, le faussaire dépose auprès de la daïra un dossier pour la carte grise au nom de l'importateur avec une fausse résidence, une fausse déclaration douanière D3 et un faux modèle douanier 846. Ensuite, le véhicule est vite vendu sur le marché local avant qu'il ne soit détecté. A ce moment, le faussaire met en contact direct l'importateur et le nouvel acquéreur, en procédant à la formule de vente par procuration. L'enquête des services de sécurité conclut que toutes les daïras de Tizi Ouzou ont été destinataires de ces faux dossiers pour cartes grises avec une forte concentration à Tizi Rached, Beni Douala et aux Ouadhias. Les officiers de la BEF (Brigade économique et financière) ont affirmé également que 628 véhicules de ce lot ont été déjà régularisés et circulent actuellement avec une immatriculation algérienne. Pour les services de police, les faussaires agissaient avec facilité durant les années de crise qu'a traversées la Kabylie (de 2001 à 2004). A cette époque, un manque flagrant de coordination a été constaté entre l'Administration locale et la Direction des douanes. « Si les services de daïra prenaient le soin d'authentifier les documents douaniers qu'ils recevaient, le pire aurait été évité », dira un officier de la BEF. La saignée n'a été stoppée qu'en 2004 lorsque le pot aux roses a été découvert. Concernant le dénouement réservé à cette affaire, les services de sécurité ont fait savoir que les dossiers sont systématiquement remis à la justice qui les traitera au cas par cas. Il est toutefois difficile de retrouver le vrai faussaire qui se contentait du rôle d'intermédiaire sans fournir sa véritable identité, alors que l'importateur et le dernier acquéreur, à qui le véhicule a été saisi, demeurent pénalisés. Concernant ce réseau de trafic, un officier de la BEF dira : « Pour le moment, 18 éléments seulement de ce réseau viennent d'être identifiés mais d'autres faussaires seront certainement découverts au fur et à mesure que l'enquête avancera. » Par ailleurs, durant l'année 2006, la Police judiciaire de Tizi Ouzou a recensé 85 affaires de vol de véhicules qui ont abouti à l'interpellation de 26 personnes dont 16 sont placées sous mandat de dépôt.