Près de 60% des 2000 cancéreux inscrits dans le registre de l'Association des cancéreux de Annaba sont des femmes. La majorité est atteinte du cancer du sein. Cette pathologie évolue chaque année un peu plus et touche de plus en plus de jeunes filles. Tant dans le domaine des diagnostics que dans celui thérapeutique, le constat est dramatique concernant le cancer, tous types confondus. Il est aggravé par l'absence d'un service spécialisé d'oncologie, d'oncologues et l'indisponibilité chronique de certains médicaments. Bien que dénoncée à maintes reprises en différentes occasions par les cancéreux et par les membres de l'association de lutte contre le cancer, la situation est demeurée inchangée. A ce niveau, et aussi inhumain que cela puisse paraître, on parle de passe-droits pour prétendre à une orientation sur les centres d'Alger ou de Constantine. C'est ce qu'affirment plusieurs malades interrogés dont Mme Sabrina B., atteinte d'un cancer du sein : « Faute de service oncologie à Annaba, les cancéreux sont éparpillés pour leur suivi et une prise en charge médicale dans les services d'hématologie ou de gynécologie. La prise en charge se fait à la tête du client, notamment pour la chimiothérapie. Sans relation, il ne faut pas trop espérer être orienté vers Alger ou Constantine. Dans ces centres, les protocoles de chimiothérapie différent totalement de ceux appliqués à Annaba ou les marqueurs tumoraux ne sont même pas effectués. » Pourtant, localement ou au plan national, l'attention des pouvoirs publics a été attirée sur le drame que vivent les cancéreux et ses conséquences sur leur famille. Souffrances physiques mais aussi morales, c'est le quotidien que vivent, sans distinction de niveau social, l'ensemble des patients atteints d'un quelconque cancer. « Nous n'avons cessé d'envoyer des appels de détresse aux autorités concernées pour la création d'un service d'oncologie à Annaba, en vain. On se satisfait à nous dire que la réalisation du Centre anti-cancéreux (CAC) est en bonne voie. Or la création de ce service s'impose comme étant une urgence. Tout aussi vaine que notre démarche pour la mise en place d'un hôpital de jour pour les cancéreux à l'instar des autres malades chroniques », souligne la présidente de l'association. L'indisponibilité des médicaments nécessaires au traitement en chimiothérapie est un autre problème soulevé par les cancéreux. Les 2000 cancéreux à la charge de l'association représenteraient le tiers des malades atteints de cette maladie. Ils sont en effet nombreux à faire la navette par leurs propres moyens entre Alger et Constantine pour une séance de chimiothérapie leur permettant de vivre dans l'attente d'une autre victoire de la recherche médicale sur cette terrible pathologie.