Le cancer du col de l'utérus, qui touche aujourd'hui des milliers de femmes algériennes, est considéré comme un sérieux problème de santé publique. L'unique moyen de prévenir cette maladie reste la vaccination, laquelle doit concerner aussi les filles à partir de 12 ans. Celles qui ont 20 ans et plus peuvent être aussi, selon les spécialistes, vaccinées pour aussi les prévenir des cancers de l'appareil génital. Des réunions de consensus ont été organisées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière au cours desquelles des experts ont exprimé leurs avis à propos de cette vaccination, mais rien n'est encore fait à ce jour. Le vaccin en question est déjà commercialisé dans beaucoup de pays. Les dossiers pour l'enregistrement de ce vaccin commercialisé par deux laboratoires sont au niveau de la direction de la pharmacie au ministère de la Santé depuis quelque trois années, en attendant l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Des observateurs n'expliquent pas encore les réticences de la haute autorité sanitaire envers l'option vaccination, sachant que le dépistage par le frottis a montré ses limites en Algérie. Lequel est encore évoqué dans le projet du gouvernement présenté samedi par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, devant l'Assemblée populaire nationale (APN). Il a affirmé que dans le domaine de la santé reproductive, « il est prévu la généralisation du dépistage du cancer du col utérin, la mise en place d'un système d'audit clinique des décès maternels et d'un système d'évaluation de la qualité des soins au niveau des maternités », sans faire allusion à la prévention de ce cancer par la vaccination. Par ailleurs, le projet du gouvernement évoque la mise en œuvre des programmes d'actions sanitaires visant, notamment, à « prendre en charge, tant sur le plan préventif que curatif, les besoins de santé de la population, en tenant compte de la double transition épidémiologique et démographique que connaît le pays ». De leur côté, les spécialistes n'arrêtent pas d'alerter les pouvoirs publics sur l'ampleur de cette maladie qui ne cesse d'augmenter. « Le cancer du col de l'utérus arrive en deuxième position après celui du sein, et il n'existe que trois centres de prise en charge des différents types de cancers », a déclaré Dr Doudja Hamouda, épidémiologue à l'Institut national de santé publique (INSP) en précisant, lors d'une rencontre sur le thème organisé par le laboratoire MSD, que « le cancer du col de l'utérus n'est pas aussi bien pris en charge que les autres types de cancers ». Elle a également signalé que le cancer du col de l'utérus se manifeste chez la femme à partir de 50 ans, contrairement à celui du sein qui se manifeste chez nous à un jeune âge. Revenant sur les facteurs déclenchant cette pathologie, Dr Hamouda fait référence à une infection par le virus papillomavirus du type 16 et 18. « Des lésions cancéreuses peuvent paraître, comme il est aussi possible que cette infection se résorbe », a-t-elle expliqué en soulignant que le début de cette maladie est silencieuse, puisqu'elle ne peut être détectée qu'à travers un diagnostic précoce, et ses symptômes n'apparaissent qu'après 10 ans. Pour prévenir cette maladie, Pr Marc Steben de l'Institut canadien de santé publique du Québec, qui a présenté plusieurs études sur cette pathologie, a indiqué qu'il existe un vaccin pouvant immuniser la femme contre le cancer du col de l'utérus. Il a également rappelé que le laboratoire américain MSD a soumis, en juin 2006, un dossier au ministère algérien de la Santé pour commercialiser le vaccin Gardasil, en vue de prévenir le cancer du col de l'utérus. Ce vaccin a prouvé son efficacité à 100% et a été utilisé dans 53 pays, a précisé Pr Steben. Il permet aussi, selon lui, d'éviter les cancers de la vulve et du vagin qui représentent 6% des cancers gynécologiques. Pour rappel, selon les statistiques de l'OMS, 500 000 cas de cancers du col de l'utérus sont recensés chaque année, dont 90% dans les pays en voie de développement, et 227 000 femmes décèdent chaque année dans le monde.