Plus de 60 000 unités, tous supports confondus, CD, DVD, VHS, VCD et autres K7, ont été saisies par les services de l'ONDA, ainsi que les services de sécurité, le 30 novembre 2006. Ces chiffres qui couvrent six wilayas de l'est du pays, à savoir Constantine, Annaba, Batna, Béjaïa, Ouargla et Sétif, restent plus qu'éloquents pour désigner une situation dramatique et qui risque de ne plus être contrôlable. La contrefaçon, la copie, le piratage prennent des proportions alarmantes, notamment à Constantine où les plus grosses saisies ont été réalisées (20 367 unités). Cependant, les moyens dévolus à la protection des droits d'auteurs, des droits voisins et du patrimoine culturel restent en deçà des dommages causés. Lors d'un point de presse livré au courant de la semaine dernière, Mouloud Salem, directeur régional de l'Office des droits d'auteurs, qui, tout en confirmant le manque de moyens, tant matériels qu'humains, a annoncé la création d'une brigade de contrôle spéciale composée de juristes et d'informaticiens. La mission première de cette brigade est de s'occuper uniquement de la partie contrôle, ce qui préfigure un nouvel organigramme pour l'office et qui implique la séparation des missions de contrôle de celles de la prospection et de la perception. Ce choix est rendu nécessaire par la gravité de la situation, d'autant que les nouvelles technologies d'enregistrement offrent une panoplie d'appareillages et de produits qui inondent les bazars de tout le pays (compilations en MP3, MP4, DVX, sonneries téléchargées, etc.) et qui risquent d'accroître encore plus les incidences malheureuses sur le peu de créations intellectuelles et artistiques existantes. L'exploitation illicite de cette création et du patrimoine exige une protection sérieuse et juridiquement bien outillée. En ce sens, l'ONDA, d'après Mouloud Salem, a impulsé la création d'un comité intersectoriel de lutte contre les contrefaçons. Il déclarera à ce sujet : « L'élaboration d'une stratégie qui regroupe différents secteurs semble lentement mais efficacement se dessiner. Les ministères de la Culture, des Finances, du Commerce, les douanes, les services de la sûreté et ceux de la justice se doivent de concilier leurs approches aux fins d'arriver à une synergie sans laquelle aucune action ne peut prétendre assumer pleinement les dommages du piratage et de la contrefaçon. » La vraie main de l'étranger La direction régionale dont le siège est à Constantine et qui couvre 18 wilayas, avec un maigre effectif opérationnel, seulement 14 agents, compte incessamment organiser des rencontres de sensibilisation avec ces différents secteurs et promouvoir ainsi des actions communes, surtout avec la justice qui, à ce jour, enregistre à son niveau vingt-cinq affaires de piratage, et dont le traitement rapide et la médiatisation aideraient à atténuer les torts causés par la contrefaçon. Ainsi, pour être étrangère, la main qui profite insidieusement et illicitement de notre patrimoine et de notre création s'avère être celle de nos frères et voisins tunisiens, qui plus est et sans honte aucune, au nom du lucre, s'amusent à reproduire sur des K7, voire d'autres supports encore, le must de la chanson algérienne, raï notamment, pour inonder notre marché et fournir éventuellement les marchés arabe et européen. Les preuves de l'existence de la filière tunisienne sont bien là, saisies par l'ONDA en quantité et plein les cartons. Après avoir usurpé le label des dattes Deglet Nour, nos voisins ne se gênent nullement, en s'organisant en réseaux, pour s'approprier et pomper tout le jus, voire le noyau créatif de notre société. Il reste alors aux politiques et au gouvernement de mettre les moyens qu'il faut pour assurer la protection fondamentale de notre identité et la préservation sérieuse de notre création, sinon, nos artistes, écrivains et autres créateurs n'auraient d'autre choix que de se faire naturaliser tunisiens, non !?