Les résultats auxquels sont parvenues les brigades de l'environnement, mises en place par la Gendarmerie nationale, sont probants. C'est du moins ce qu'affirment les responsables de ces brigades, lors d'une rencontre avec la presse tenue hier au siège du groupement de la Gendarmerie nationale d'Alger. Travaillant en collaboration avec l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) d'Alger, les cellules mises sur pied depuis la mi-mai 2005 ne couvrent actuellement que quatre wilayas, à savoir Alger, Oran, Annaba et Ouargla. Elles sont composées chacune de trois gendarmes, lesquels ont suivi une formation théorique à l'école des officiers de la gendarmerie des Issers, à Boumerdès, du 5 au 16 mars 2005. Cette formation a porté sur des connaissances liées à l'environnement. Suivra une deuxième phase du 2 au 14 avril de la même année. Celle-ci a mené ces officiers vers le CCS d'Oran, une société spécialisée dans la formation dans les métiers de l'eau, plus particulièrement dans les techniques de la chimie et du traitement des eaux. En plus des campagnes de sensibilisation menées à pas de charge, les autres tâches que se sont assigné les cellules de la protection de l'environnement sont liées à la levée des infractions et atteintes à l'environnement, au prélèvement des échantillons dans des sites ciblés ou encore à la prospection en vue de confondre les coupables. Le nombre d'affaires traitées par ces cellules durant la période s'étalant de 2001 à 2006 s'élève à 4471 dont 3412 liées à l'extraction et l'enlèvement de sable sans autorisation, soit un taux de 76%. L'abondance de ces infractions s'explique, assure-t-on, par la fermeture des sablières qui a favorisé l'apparition de sites clandestins. S'y ajoutent, à un degré moindre, 658 affaires représentant 15% liées au forage illicite de puits, à l'utilisation des eaux usées brutes pour l'irrigation, au vol de produits forestiers ainsi qu'à l'arrachage d'arbres. Le nombre d'affaires traitées a connu une courbe ascendante en raison, atteste-t-on, des campagnes de sensibilisation menées par les services de la Gendarmerie nationale. Toutes ces affaires ont permis l'interpellation de 6361 personnes. Les gendarmes ont mis à nu un cas jugé litigieux lié à l'atteinte à l'environnement. La brigade de Reggane, dans la wilaya d'Adrar, a reçu, en juin 2006, un courrier anonyme rédigé en français. Ce courrier fait état d'agissements équivoques de la société espagnole Repsol, spécialisée dans la recherche pétrolière, qui n'a pas respecté le plan élaboré par les spécialistes relatif à l'évacuation des eaux polluées en procédant à l'installation de deux grands bassins. La lettre rapporte également qu'un ressortissant français a procédé au changement de ce plan pour permettre aux huiles et autres produits chimiques de s'infiltrer dans les nappes phréatiques. Celles-ci sont d'une profondeur variant entre 150 et 350 m. Les nappes entourant le site de recherche sont au nombre de quatre : deux de 150 m appartiennent à la direction de l'hydraulique alors que les deux autres de 350 m sont la propriété de l'Agence régionale des ressources hydriques. S'étant présentés sur le site, les gendarmes ont relevé plusieurs infractions : l'existence de plusieurs traces d'huiles dans le bassin réservé aux eaux traitées alors que celui devant prévenir l'infiltration des huiles a été trouvé déchiré. En plus des sacs et produits chimiques, l'autre bâche retenant les boues des huiles était également lacérée. Fait étonnant : le directeur de wilaya de l'environnement n'a pas eu vent de cette situation alors que le wali en a été informé par le groupement de gendarmerie d'Adrar. Autre point accablant le directeur de wilaya : l'absence d'étude d'impact sur l'environnement de la société ibérienne et aussi l'absence de la commission de contrôle des établissements classés. Le groupe espagnol, destinataire d'une mise en demeure du wali d'Adrar, a procédé à la levée des infractions « en temps opportun ».